Dans un cahier des charges du 23 avril 2015, le ministère de la Santé annonçait une expérimentation de télémédecine sous forme de téléconsultations ou de télé-expertise pour le suivi des plaies chroniques et/ou complexes, dont l’objectif est d’améliorer la prise en charge des plaies, de diminuer les déplacements, de faciliter l’accès aux spécialistes dans les déserts médicaux. L’arrêté du 28 avril 2016 fixait les conditions pour être médecins experts habilités à exercer une téléconsultation. « Mais on attend toujours que démarrent le paiement des actes de télémédecine et la mise en pratique de l’arrêté du 28 avril 2016… », déplore le Dr Luc Téot, département médicochirurgical plaies et cicatrisations, CHU de Montpellier.
L’intérêt économique se confirme
En 2011 a démarré Domoplaies en Basse-Normandie et Languedoc Roussillon : un centre d’appel met en lien en direct, grâce à une tablette ou un smartphone les requérants et intervenants auprès du patient et un médecin expert. Une première étude montre chez 538 personnes que la consommation de soins n’est pas significativement différente avant et après le recours à la télémédecine mais que le nombre de consultations auprès de médecins généralistes, d’examens biologiques et de transport est nettement réduit. Si on compare avec l’étude RAMES menée par la Caisse nationale d'Assurance-maladie (CNAM), le coût journalier par patient est nettement inférieur avec la prise en charge en réseau dédié et encore plus faible avec une prise en charge par télémédecine, la différence augmentant encore lorsqu’on intègre les coûts de transport (22 euros par jour vs 44 pour le traitement d’une escarre). Une autre étude DOMOPLAIE a randomisé 153 patients en 3 groupes de prise en charge, un par télémédecine, un autre avec une experte du réseau envoyée sur place et un autre avec une consultation auprès de l’expert et un suivi classique à la maison. L’objectif principal est assez ambitieux puisqu’il s’agissait de la fermeture complète des plaies, on n’a pas relevé de différences significatives ; par contre les coûts de transport ont été significativement diminués.
Des expériences et des pratiques diverses
En Occitanie, grâce à un système de web conférence un médecin extérieur peut solliciter l’expertise des spécialistes du centre de plaies et cicatrisation de la clinique Pasteur sur le suivi des plaies. En Nouvelle Aquitaine, à l’aide d’un chariot de télémédecine mobile, une consultation peut être effectuée à distance entre un EHPAD et le centre expert, qui peut alors donner un avis sur le traitement à donner mais aussi conseiller l’infirmier(e) diplômé d'état (IDE), ce qui évite dans bon nombre de cas de déplacer le résident.
En pays de Loire, médecins libéraux et IDE peuvent solliciter par un simple envoie de photos ou de vidéos l’aide du service de chirurgie vasculaire du groupe privé Confluent via l’application Telemed’Confluent ; même dispositif dans le Grand-Est grâce à Télécical.
Au pays basque espagnol, EUREKA a développé une solution très simple : un logiciel aide les professionnels de santé pour le diagnostic de la plaie et la mise en œuvre du protocole le mieux adapté et crée une base de données. Selon les premiers résultats, 94 % des IDE trouvent qu’ils/elles peuvent mieux faire leur travail, 38 % d’économie en dépense de produits sont réalisées et le délai de cicatrisation est réduit de 33 %.
Toutes ces initiatives restent très encadrées : la Société française et francophone des plaies et cicatrisations (SFFPC) a élaboré des recommandations sur le contenu des logiciels et des dossiers télémédecine sur les plaies et des règles de fonctionnement avec en particulier comment respecter la sécurité de transmission, Skype et GSM sont en théorie proscrits.
D’après la communication du Dr Luc Téot, département médico-chirurgical plaies et cicatrisations, brûlés, chirurgie plastique et reconstructive, CHU de Montpellier
Pour en savoir plus, un livre blanc publié par le collectif e-santé Plaies et Cicatrisation, rassemblant bonnes pratiques propositions, témoignages, fiches pratiques est consultable sur le site de la SFFPC
Article précédent
Des nouveautés à suivre...
Article suivant
Mythe ou réalité ?
Épidémiologie
Des nouveautés à suivre...
C'est parti !
Mythe ou réalité ?
Une relation étroite
Quels antibiotiques, quand et pour qui ?
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes