Lors d’un référendum sans quorum, qui s’est tenu dimanche dernier, la population de Saint-Marin a approuvé la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse (IVG) à une majorité de 77,28 %. Un tournant historique pour ce micro-État à forte tradition catholique, alors que se tient la journée internationale du droit à l'avortement ce 28 septembre.
C'était l'un des derniers États d'Europe − avec Malte, l'Andorre et le Vatican − à interdire entièrement l'IVG, même en cas de viol, d'inceste, de maladie du fœtus ou de danger pour la mère. Saint-Marin suit ainsi l'exemple de l'Irlande, qui a légalisé l'avortement en 2018.
Quelque 35 411 électeurs, dont un tiers installé en dehors de frontières de cette petite République enclavée entre les régions italiennes des Marches et de l’Émilie-Romagne, devaient se prononcer. Selon les résultats de votes, seulement 41 % des ayants droit se seraient déplacés. Soit moins que le nombre de votants enregistrés en 2019 à l’occasion d’un autre référendum introduisant dans la Constitution, l’interdiction de la discrimination en raison de l’orientation sexuelle.
Avortements en Italie
Organisé par l’Union des femmes saint-marinaises (UDS), ce référendum proposait d’autoriser l’IVG jusqu'à douze semaines. Après ce délai, l’avortement serait autorisé lorsque des anomalies ou des malformations impliqueraient un risque grave pour la santé physique ou psychique de la femme ou en cas de menace pour la vie de la mère.
Durant les vingt dernières années, plusieurs projets ont été présentés au Parlement, le dernier en 2019. Mais les pressions de l’Église locale particulièrement bien ancrée à Saint-Marin et du parti démocrate chrétien (PDCS) au pouvoir, ont toujours réussi à bloquer l’abrogation d’une loi datant de 1865 et qui prévoyait de peines allant de trois à six ans d’emprisonnement pour les femmes et des sanctions identiques pour les praticiens. Mais dans les faits, il n'y a jamais eu de condamnations car les Saint-Marinaises se rendent en Italie pour avorter.
Pour Karen Pruccoli, figure de proue de l’UDS, la campagne électorale a été particulièrement violente, les mouvances catholiques proches de l’Église locale ayant repris les discours des associations anti-IVG. « Des affiches de fœtus sanguinolents ont été placardées partout, on nous a accusées d’assassinat, d’être partisanes de l’eugénisme alors que nous réclamions un alignement avec l’Italie où les femmes de Saint-Marin allaient avorter en déboursant parfois jusqu’à 1 500 euros, un luxe que toutes les femmes ne peuvent pas se permettre. » Le Parlement a maintenant six mois pour rédiger un projet de loi et l’approuver conformément au résultat du référendum.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation