« La démocratie en santé n'est qu'une vaste mascarade montée par les hommes et les femmes politiques pour faire croire à une certaine horizontalité de la décision publique en santé alors qu'elle n'a jamais été aussi verticale. »
Thomas Dietrich a démissionné vendredi de façon fracassante de son poste de secrétaire général de la conférence de santé (CNS) qu'il occupait depuis mars 2015.
Dans un brûlot d'une trentaine de pages baptisé « Démocratie en santé, les illusions perdues », le haut fonctionnaire explique pourquoi il quitte à regret cette instance consultative, chargée depuis 2007 de formuler des avis pour améliorer le système de santé, évaluer le respect des droits des usagers, et contribuer à l'organisation de débats publics. Il dénonce les « pressions » exercées sur la conférence à propos de grandes questions de santé publique, comme la fin de vie et la vaccination, le dirigisme du ministère de la Santé et étrille plusieurs de ses représentants.
« L'illusion de la liberté est savamment entretenue par le ministère [...] la grande majorité des membres de la CNS ignore que les dés sont pipés. »
Une indépendance mise à mal
Thomas Dietrich affirme que l'indépendance de cette instance consultative, assujettie à la Direction générale de la santé (DGS), a souvent été mise à mal. Fin septembre dernier, un avis – pourtant mesuré – de la conférence sur la proposition de loi sur la fin de vie a plongé la ministre de la Santé dans une « colère noire », affirme l'auteur. La CNS est alors étant qualifiée d'« inutile » et « instable » par des proches de Marisol Touraine.
Les relations entre la conférence et le ministère se sont progressivement dégradées. La CNS a été écartée de l'organisation du débat sur la vaccination, délégué à l'agence nationale de santé public. «En fait de débat public, c'est une opération de propagande qui est menée pour inciter les Français à se vacciner », accuse Thomas Dietrich.
Une instance financièrement étranglée
Au manque de considération des pouvoirs publics, la conférence nationale de santé doit faire face à une diminution régulière de ses moyens. Alors que son budget était de 80 000 euros en 2012, il a fondu trois ans plus tard pour être inférieur à 60 000 euros (pour un effectif de 120 membres titulaires).
Ce manque de moyens financiers et humains de la CNS est d'autant moins acceptable pour son ancien secrétaire que le ministère de la Santé a inauguré en mai 2015 un nouvel institut pour la démocratie en santé (IDS), qui dispose de davantage de moyens (trois fois le budget de la Conférence).
En conclusion de son rapport, l'auteur demande que « des mesures correctrices soient prises sans délai », notamment pour renforcer l'indépendance hiérarchique et financière de la CNS.
Les médecins s'insurgent
Après les révélations de ce brulôt, des organisations de médecins dénoncent le comportement autoritaire du ministère de la Santé. « Ce témoignage pointe le grand mépris de ce gouvernement pour la concertation avec les acteurs de terrain, ainsi que la mascarade de cette démocratie sanitaire affichée mais non pratiquée par la ministre de la santé, affirme Le BLOC. Les masques tombent. »
L'Union française pour une médecine libre (UFML) réclame une commission d'enquête parlementaire sur le fonctionnement du ministère de la Santé. « Si les propos tenus dans ce rapport sont vérifiés, la démission de Marisol Touraine doit être immédiate, et la loi de santé abrogée », conclut l'association présidée par le Dr Jérôme Marty.
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