La première conférence internationale consacrée aux résidus de médicaments dans l'environnement (ICRAPH) s'est ouverte ce 8 septembre à Paris, organisée par les ministères de l'Écologie, de la Santé, et l'Académie nationale de pharmacie. Pendant deux jours, médecins, pharmaciens et chercheurs Français et étrangers partagent leurs connaissances sur les risques que font peser sur l'environnement les résidus médicamenteux.
Ségolène Royal lance le plan micropolluants 2016-2021
La ministre de l'Écologie Ségolène Royal est venue à la tribune annoncer le plan micropolluants 2016-2021 pour préserver la qualité des eaux et de la biodiversité, qui s'inscrit dans le sillage des précédents plans sur les polychlorobiphényls (PCB), les micropolluants, et les résidus de médicaments.
Ce plan fixe trois objectifs : la réduction immédiate des missions de micropolluants présents dans les eaux dont le risque est déjà connu, la consolidation des connaissances et l'établissement de listes de polluants sur lesquels agir.
Face aux chercheurs, la ministre a insisté sur l'importance de développer les connaissances sur les propriétés physico-chimiques, toxicologies et écotoxicologiques des médicaments. « Une centralisation de ces données permettrait de prioriser de manière plus efficace les molécules quant à leur risque de se retrouver dans les eaux », a-t-elle déclaré. Ségolène Royal a mis en avant la 31e des 39 mesures du plan : « travailler sur la disponibilité et le partage des données permettant de connaître le danger et l'exposition pour les résidus médicamenteux humains et vétérinaires dans les eaux ».
Exemple bellecombien et en Suisse
En amont, 13 dossiers ont d’ores et déjà été retenus lors de l'appel à projet de l'Office national des eaux et des milieux aquatiques (ONEMA) dont celui du centre hospitalier Alpes Léman, à Bellecombe (Haute-Savoie), qui vise à identifier et agir sur les risques liés au rejet de médicaments, biocides et détergents. « C'est une réalisation que nous allons généraliser à l'ensemble des hôpitaux publics et privés », a commenté la ministre.
Autre exemple qui pourrait être modélisé « pour devenir obligatoire », Ségolène Royal a vanté la politique suisse de traitement à l'aval de certaines stations d'épuration positionnées sur des cours d'eau fragiles, pour éliminer les résidus médicamenteux.
« Visionnaire », selon le Dr Maria Neira (OMS)
En préambule, le Dr Maria Neira, directrice « Santé publique et environnement » de l'Organisation mondiale de la santé avait tenu à saluer l'événement. « Organiser une telle conférence aujourd'hui est visionnaire : nous devons anticiper ces questions », a-t-elle déclaré, après une touchante évocation de ses premiers pas en endocrinologie « en face », à la faculté Pierre-et-Marie-Curie.
Près de « 23 % des causes de morbidité/mortalité sont liées à des facteurs environnementaux », a-t-elle souligné. « Cela représente 13 millions de décès évitables chaque année (dont 7 millions liés à la qualité de l'air) ». « Évitable » n'est pas un vain mot : de réels progrès peuvent naître selon elle d'une plus forte collaboration entre les ministères de la Santé et de l'Écologie et d'une prise de conscience générale, à commencer par les professionnels de santé. « Nous, médecins, sommes très formés à la prise en charge clinique. Mais il serait plus satisfaisant d'éviter les pathologies, grâce à la prévention primaire (pour agir les facteurs de risque) et non seulement secondaire (qui serait la détection précoce d'un cancer », a-t-elle dit.
La responsable de l'OMS a rappelé les objectifs de développement durable définis en septembre 2015 : « Il faut produire, consommer (rationaliser), et éliminer (recycler) les médicaments de façon responsable et durable », a-t-elle dit. Concrètement, il s'agit de renforcer la prévention pour éviter les maladies et les antibiotiques à l'ère de l'antibiorésistance, améliorer l'hygiène (notamment des mains dans les structures de santé) et l'accès à l'eau potable, ou encore renforcer la surveillance et la recherche. Elle a également parié sur des process d'approvisionnement et de présentation (emballage) des médicaments plus verts. Avant d'en appeler, de nouveau, à la conscience des médecins : « Prescripteurs, nous ne devons pas banaliser le recours aux médicaments, mais rationaliser nos ordonnances tout en diffusant l'information auprès de la population », exhorte le Dr Neira.
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