Le mouvement de diminution inexorable du nombre de lits d'hospitalisation complète s’est poursuivi en 2021, malgré la crise du Covid, selon les premières données publiées, ce mercredi 28 septembre, par la Drees, le service des statistiques du ministère de la Santé. « Depuis une vingtaine d’années, l’organisation de l’offre de soins évolue vers une hausse importante du nombre de places d’hospitalisation partielle sans nuitée et d’hospitalisation à domicile, en regard d’une diminution continue des capacités d’hospitalisation complète, résume la Drees. Des innovations en matière de technologies médicales et de traitements médicamenteux ont rendu possible ce virage ambulatoire. » Pourtant, lorsqu'il est devenu ministre de la Santé en février 2020, Olivier Véran avait annoncé vouloir « revenir sur le dogme des fermetures des lits ».
Dans le détail, la baisse du nombre de lits d'hospitalisation complète s'est très légèrement accélérée l'année dernière, à -1,1 %. Dans les 2 984 structures hospitalières publiques et privées, le rythme des fermetures tournait autour de - 0,9 % par an entre 2013 et 2019, avant d'atteindre -1,2 % en 2020. Mais si la baisse est un peu plus forte ces deux dernières années, la raison est en partie mécanique. La contagiosité du coronavirus a, en effet, imposé de transformer un certain nombre de chambres doubles en simples. D'autres fermetures ont également été nécessaires en raison de la réaffectation de personnels dans les unités covid, au plus fort de la crise. Au total, il y avait, en 2021, 383 000 lits dont 24 % dans le privé commercial et 14 % dans le privé non lucratif.
Omicron a changé la donne
L'hôpital n'est, par ailleurs, pas sorti de la crise sanitaire comme en témoignent les capacités en réanimation, qui bien qu'en léger recul par rapport à 2020, restent supérieures de 10,2 % par rapport à la période juste avant l'apparition du coronavirus. « La prise en charge des patients atteints de Covid-19 lors des vagues épidémiques de 2020 et 2021 a notablement reposé sur les capacités d’accueil en soins critiques : réanimation, soins intensifs et surveillance continue, décrit la Drees. Elles ont connu une forte progression de 3,6 % entre fin 2019 et fin 2020, pour prendre en charge les patients atteints du Covid-19 en phase aiguë. »
Le variant Omicron a ensuite changé la donne. Fin 2021, les établissements de santé disposent de 20 070 lits de soins critiques : c’est 240 de moins que fin 2020 (-1,2 %), mais 470 de plus que fin 2019 (+2,4 %). Parmi eux, on compte 5 980 lits de réanimation (en baisse de 3,8 % par rapport à fin 2020, mais toujours supérieurs de 10,2 % au niveau de fin 2019), 6 030 lits en soins intensifs (+0,8 % entre fin 2020 et fin 2021, après +0.5 %) et 8 070 lits de surveillance continue (-0,6 %, après -1,4 %). Il est à noter que ces données statistiques ne prennent en compte que les lits de réanimation installés dans le cadre d'une autorisation classique et, par conséquent, invisibilisent les autres lits armés expressément pour des soins de réanimation de patients atteints de covid.
L'HAD en forte hausse
En outre, si la hausse de la chirurgie et de la médecine ambulatoires a été un peu freinée en 2020 par la crise (+1,7 %), un rattrapage a eu lieu l'année suivante : le nombre de places d’hospitalisation partielle a ainsi progressé de 3,4 % en 2021, pour une moyenne de + 2,5 % par an entre 2013 et 2019. Depuis fin 2013, la baisse cumulée du nombre de lits d'hospitalisation complète a atteint 30 340 lits, contrebalancée pour moitié par la hausse de 14 925 places d'hospitalisation partielle.
En soins de suite et réadaptation, la hausse du nombre de places en hospitalisation partielle est particulièrement importante (+6,9 % en 2021 après +4,8 % en 2020), encore davantage qu'en médecine-chirurgie-obstétrique (+4 % en 2020 après +1,9 % en 2020). En revanche, en psychiatrie, le mouvement de déshopitalisation étant plus ancien, le nombre de places augmente beaucoup plus lentement (+1 % en 2021 après même un petit recul de -0,2 % en 2020).
Quant à l'hospitalisation à domicile (HAD), « la croissance régulière de ses capacités d’accueil, a été accentuée par la crise sanitaire » note la Drees. Elles ont ainsi augmenté de 6,8 % en 2021. « En période de tension hospitalière, les établissements de santé accentuent leur recours à l’HAD », explique la Drees. Le nombre de places avait d'ailleurs fait un bond de 10,5 % en 2020.
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