Faut-il être neurologue formé à l’urgence ou urgentiste formé à la neurologie pour soigner un AVC ? Neurologue tout court ou urgentiste tout court ? Cette question a agité le congrès Urgences 2025 à l’occasion de la présentation d’un camion particulier du Samu qui sillonne les rues de Paris depuis octobre 2023.
Équipée d’un scanner, d’un laboratoire d’appoint et d’un système de télémédecine, cette unité neurovasculaire mobile, qui roule avec un médecin, un manipulateur en électroradiologie médicale et un ambulancier à son bord, est chargée de prendre en charge les AVC. Grâce à l’imagerie embarquée, l’unité a pour objectif de montrer le plus rapidement possible si une thrombolyse est indiquée, le geste pouvant alors être réalisé le cas échéant dès l’arrivée à l’hôpital. Selon le GHU Paris, porteur du projet avec l'AP-HP, ce dispositif pourrait faire gagner jusqu'à une heure sur la prise en charge au bloc opératoire. Or chaque minute compte pour éviter que l’AVC ne soit cause de handicap.
Enthousiasme débordant… ou pas
Présente au congrès Urgences 2025 le 4 juin, la Dr Melika Hadziahmetovic, neurologue et urgentiste, est venue défendre les couleurs de cette ambulance d’un genre nouveau, dans laquelle elle monte régulièrement. Son emploi du temps ? Du lundi au vendredi de 8 heures à 18 heures. Assez léger, en comparaison des horaires dans les services hospitaliers.
Devant un parterre d’urgentistes, la médecin a rappelé l’existence de l’étude Asphalt, lancée en même temps que le premier camion pour démontrer son intérêt thérapeutique. Les résultats sont attendus en 2027. La Dr Hadziahmetovic a surtout voulu partager son grand enthousiasme avec ses confrères présents dans la salle. Qui ont été loin de lui rendre la pareille.
« La plupart des AVC en France sont régulés par des urgentistes. Il ne faut pas imaginer à court, moyen ou long terme qu’il y ait des neurologues dans les régulations ! », a déclaré tout de go un de ces spécialistes, qui s’est interrogé sans détour sur l’utilité de ce Samu neuro. Selon lui, « il n’y a pas besoin de compétence spécifique en neurologie » pour prendre en charge les AVC. Surprise par cette levée de boucliers, la Dr Hadziahmetovic a tenté d’éviter le conflit : elle n’est pas là pour remettre en cause les compétences des urgentistes, mais pour aider ces derniers.
Une autre urgentiste « débordée » et un brin agacée, dont l’équipe « a du mal à remplir les plannings » médicaux, a remis en question l’intérêt de la solution présentée par la Dr Hadziahmetovic, qui semble certes intéressante mais qui relève un tant soit peu du luxe. Est-ce bien nécessaire d’investir dans une ambulance qui régule seulement de 10 à 40 appels par jour, parfois même pour ne pas « sortir » du tout en intervention ? Là encore, la Dr Hadziahmetovic a joué l’apaisement, tout en rappelant l’intérêt de l’unité, ne serait-ce que pour une ou deux vies. « Je peux également avoir seulement dix appels dans la journée mais sortir deux fois », a complété la médecin, pour qui l’essentiel est au final de « soulager » le travail des urgentistes. « Et si j’arrive à sauver un patient, je suis heureuse », a-t-elle justifié.
Les AVC touchent chaque année 140 000 personnes en France et représentent la première cause de handicap chronique de l’adulte et la première cause de mortalité chez la femme.
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