« Loin d’être un épiphénomène », la téléconsultation est entrée dans la pratique « quotidienne » des médecins libéraux, affirme ce mardi, la plateforme Doctolib. Pour étayer son propos, la licorne tricolore a dévoilé une étude maison inédite sur la base de 5,1 millions de téléconsultations réalisées en 2024 par près de 15 000 médecins utilisateurs de la plateforme, issus de cinq spécialités médicales : médecine générale, psychiatrie, gynécologie, dermatologie et pédiatrie.
Premier enseignement, en 2024, 5,1 millions de téléconsultations ont été pratiquées par le biais des seuls services de Doctolib. Sur les seuls médecins qui pratiquent la « TC », cela représente 7,4 % de leur activité, ce qui est certes très minoritaire en part d’activité mais pas si négligeable.
Mais l’appropriation est en effet très différente selon les disciplines. Les spécialités ayant la plus forte appétence pour ces consultations en visio sont, par ordre décroissant, la psychiatrie (20,3 % de la part d’activité), la médecine générale (8,1 %) et la pédiatrie (5,1 %). Gynécologues et dermatologues s’illustrent par une proportion plus faible avec un taux respectif de téléconsultations de 4,8 % et de 4,4 %.
En tendance cette fois, Doctolib observe que le recours aux consultations à distance est stable sur deux ans, voire en « léger recul » dans les spécialités étudiées. Les téléconsultations représentent ainsi 4,8 % de l’ensemble des consultations, en recul de 0,7 % par rapport à 2022.
La médecine générale, de loin première en volume
Bien que derrière la psychiatrie en part d’activité à distance, la médecine générale détient de très loin la pole position en matière de volume (au regard des effectifs concernés). Plus de 4 millions de téléconsultations ont été réalisées en 2024 via Doctolib, « un record depuis 2022 ».

Quant aux modalités d’usage, contrairement aux idées reçues, la téléconsultation apparaît avant tout comme un « outil de suivi » de patients déjà connus, ce qui accrédite le positionnement correct dans le parcours de soins : en moyenne, 82 % des téléconsultations sur Doctolib sont réalisées avec un praticien déjà connu du patient, taux stable depuis 2022. Là encore, des disparités fortes s’observent selon les spécialités. L’an passé, la quasi-totalité des téléconsultations en psychiatrie (95 %) ont été réalisées avec un psychiatre connu du patient, contre seulement 64 % en dermatologie, soit un écart de plus de 30 points révèle l’étude.
À noter aussi que les patients ayant « exclusivement recours à la téléconsultation sur 12 mois consécutifs » restent ultraminoritaires : ils ne représentent que 2,8 % des patients ayant eu recours à cette pratique en 2024. La téléconsultation se positionne ainsi comme un service d’appoint en complément des consultations en présentiel.
Côté délais, cette activité à distance marque des points : 54 % des téléconsultations ont ainsi été octroyées dans les 48 heures suivant la demande, contre seulement 32 % pour les consultations physiques. Mieux, 42 % sont même programmées dans les 24 heures, soit près du double des consultations physiques (23 %). En médecine générale et en pédiatrie, plus de 60 % des téléconsultations sont réalisées dans les 48 heures qui suivent la demande de rendez-vous.
Autre enseignement : la durée de ces consultations par écran interposé est un peu plus courte que celles en présentiel, bien qu’elle se situe dans les mêmes ordres de grandeur. L’écart de durée le plus important concerne la pédiatrie (8 minutes) et le plus faible pour la psychiatrie et la dermatologie (3 minutes).
Moindre recours confirmé en milieu rural
L'étude confirme par ailleurs un éclairage déjà souligné, à savoir que la téléconsultation reste sous-représentée chez les médecins installés en zone rurale. Seulement 28,4 % des consultations en visio sont effectuées par les médecins de campagne, alors qu’ils assurent 47 % des consultations en présentiel, soit un écart de 19 points.
En médecine générale, toutefois, l’adoption de l’outil de téléconsultation dans les zones sous-denses est proche de la moyenne nationale : 39 % des généralistes en ZIP et 37 % en ZAC sont équipés (et près de la moitié des téléconsultations sont effectuées dans ces zones fragiles).
Par ailleurs, Doctolib constate que les praticiens qui recourent à la téléconsultation ont tendance à avoir un nombre de nouveaux patients et une file active plus élevés, « sans que l’on puisse établir formellement un lien de cause à effet ».

Côté usagers cette fois, l’étude confirme que le recours à la visio continue à être l’affaire de patients plutôt jeunes. La tranche d’âge des 25 - 34 ans y est sur-représentée puisqu’ils constituent 27 % des patients ayant eu recours à la téléconsultation (alors qu'ils ne représentent que 15 % des patients ayant consulté en présentiel). Et seulement 5 % des patients qui ont réalisé une téléconsultation en 2024 ont plus de 65 ans (alors qu’ils représentent plus de 14,5 % des patients présents en consultation).
Pour Jean-Urbain Hubau, DG France de Doctolib, cette étude va dans le sens d’une appropriation raisonnée par la profession comme par les patients. « Cinq ans après la crise du Covid-19 qui avait vu une explosion de la téléconsultation, notre étude met en lumière une réalité rassurante, analyse-t-il. Lorsque la téléconsultation est entre les mains des soignants et intégrée de manière réfléchie dans leur pratique, elle ne génère pas d’usages abusifs, loin du “tout téléconsultation” qui viendrait défigurer l’organisation territoriale des soins et les parcours ». Reste à savoir si les prochaines assises du secteur aboutiront à la même conclusion.
L’obligation de solidarité territoriale pour les médecins effective « dès septembre », confirme Yannick Neuder
« Les syndicats sont nostalgiques de la médecine de papa », tacle Dominique Voynet, seule médecin ayant voté la loi Garot
Face à un tweet raciste d’un membre de Reconquête, des médecins de l’Oise portent plainte
Prescription des aGLP-1, l’usine à gaz ? Après les médecins, la Fédération des diabétiques affiche son inquiétude