Accès rapide à la protonthérapie

Urgence au diagnostic précoce du mélanome de l’uvée

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Publié le 17/02/2020
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Si la pathologie reste rare avec 500 à 600 nouveaux cas par an, le mélanome de l’uvée s'avère le cancer de l’œil le plus fréquent. Alors qu’un diagnostic précoce favorise les chances de guérison et peut éviter l’énucléation, il devient crucial de lever les difficultés d’accès aux spécialistes et aux traitements de pointe.
Il faudrait améliorer l’accès aux spécialistes

Il faudrait améliorer l’accès aux spécialistes
Crédit photo : Phanie

Un diagnostic précoce est déterminant dans le pronostic du mélanome de l'uvée. Pourtant, « le patient n’est pas toujours diagnostiqué à temps, en raison des longs délais pour obtenir un rendez-vous chez l’ophtalmologue, alerte la Pr Nathalie Cassoux, oncologue oculaire à l’Institut Curie. Il faudrait améliorer l’accès aux spécialistes ».

« On a toutes les chances de guérir le patient et de conserver l’acuité visuelle, en traitant des tumeurs de petite taille situées au-delà de trois millimètres autour du nerf optique et de la macula, explique l’oncologue. En revanche, si le diagnostic est tardif avec une volumineuse masse tumorale, on doit soit énucléer, soit irradier mais avec des séquelles visuelles majeures ».

« Les premiers symptômes devant alerter les patients sont des phosphènes (éclairs brillants) persistants », explique la Pr Nathalie Cassoux, chef du service d’oncologie oculaireEn cas de tumeur périphérique, le diagnostic est souvent tardif. Mais quand la tumeur est d’emblée proche des centres de la vision, le diagnostic est plus précoce car les symptômes surviennent rapidement : flou, baisse d’acuité visuelle, métamorphopsies…

En cas de tumeur volumineuse, l’énucléation est nécessaire. Sinon, les traitements conservateurs sont privilégiés : protonthérapie pour la majorité des patients ou curiethérapie par disque d’iode dans certains cas (tumeur projetée en regard de la glande lacrymale par exemple) ; le choix dépendant du positionnement de la tumeur dans l’œil. « La protonthérapie permet une irradiation ultra-précise, avec une dosimétrie bien meilleure que le disque d’iode, et d’obtenir 96 % à 98 % de contrôle local ».

Favoriser l’accès aux centres experts

Grâce à un financement de l’INCa, une organisation en réseau a été mise en place en France. « On a la chance d’avoir deux centres de protonthérapie habilités à traiter les tumeurs oculaires : l’Institut Curie à Orsay et le Centre Antoine-Lacassagne de Nice, rappelle l'oncologue. Les patients reçoivent leur traitement environ trois à quatre semaines après l’adressage par l’ophtalmologue ».

Il existe également sept centres de compétence en région (Rennes, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Nice, Lille, Lyon et Strasbourg), qui sont capables de diagnostiquer, poser les clips de repérage dix jours avant l’irradiation, adresser le patient au centre de protonthérapie pour le traitement (quatre séances durant cinq jours consécutifs), puis faire le suivi. « Il est impératif que les patients soient adressés dans un centre expert garant de la qualité de la prise en charge, d’où la nécessité de rembourser les transports », insiste l’oncologue.

À Orsay, un projet de protonthérapie par flash est à l’étude. L’objectif est de réduire les effets secondaires sur les tissus sains, en conservant une aussi bonne efficacité que par protonthérapie.

Karelle Goutorbe

Source : Le Quotidien du médecin