Ces dernières années ont été marquées par des épidémies de dengue, de chikungunya, de zika et de fièvre jaune, autant d’arboviroses classiquement tropicales transmises par des arthropodes, moustiques et tiques. Leur extension en zone tempérée se fait à la faveur des mouvements de personnes et de biens, de l’urbanisation et des fortes densités humaines et du réchauffement climatique.
Des formes asymptomatiques fréquentes
Le moustique Aedes aegypti est le vecteur principal de ces différentes arboviroses et Aedes albopictus un vecteur secondaire de dengue, de Chikungunya et de Zika. Appelé moustique tigre, il est originaire d’Asie et s’est diffusé d’est en ouest notamment par le biais du commerce de pneus usagés. En Europe, il est apparu en 1979 en Albanie, l’année suivante en Italie puis en France à Menton en 2004. Son extension semble inexorable : douze ans plus tard, il a investi 30 départements. Ces trois maladies sont d’incubation relativement courte, de 3 à 14 jours pour la dengue, de 1 à 12 jours pour le Chikungunya et de 3 à 12 jours pour le Zika. Leur symptomatologie peut être bruyante, mais les formes asymptomatiques sont fréquentes, respectivement dans 20 à 60 % des cas, 60 à 80 % des cas et 20 % des cas, rendant difficile l’arrêt des cycles de transmission.
En France métropolitaine, des cas importés sont observés chaque année chez des voyageurs et des cas autochtones (contamination vectorielle locale) depuis 2010. Ces infections bénéficient d’une surveillance épidémiologique, avec déclaration obligatoire et dispositif de surveillance renforcée de mai à novembre (période où le moustique est actif) dans les départements où Ae albopictus est implanté. « On note un fort impact des épidémies dans les DOM sur la survenue de cas en métropole, avec un risque accru en août et septembre lorsque la densité de moustiques est la plus forte, précise le Dr Marie-Claire Paty. Les cas index ne sont toutefois pas toujours retrouvés ».
Connaître son ennemi
Face à l’expansion des maladies vectorielles, il faut promouvoir des actions de prévention, qui se fondent sur l’éducation à la santé (sanitaire, assainissement…), la réduction des contacts et de la contamination (prévention des piqûres notamment), le contrôle des populations vectorielles (élimination des larves, nymphes et adultes) et éradication des lieux de reproduction (suppression des sources d’eau). « Pour mener à bien ces actions, il est important de bien connaître son ennemi », a indiqué Nohal Elissa, entomologiste médicale qui travaille à la ville de Paris. L’adulte vit de 1 à 2 mois et seule la femelle, qui peut transmettre les virus à ses descendants, pique. Les moustiques vivent proches des habitations, avec une distance de vol allant de 150 à 400 mètres et Ae albopictus peut hiberner. La ville de Paris par exemple est sous surveillance et dispose d’une cinquantaine de pièges pondeurs. Un service de signalement citoyen (www.signalement-moustique.fr) est également disponible, qui permet si besoin de mettre en route des enquêtes de terrain après signalement de la présence de moustiques tigres. Plus de 80 % des gites de l’Aedes sont créés par l’homme et chacun à son niveau peut agir en éliminant les objets pouvant contenir de l’eau (comme le simple bouchon d’une bouteille), en couvrant les réceptacles (poubelles, seaux…) ou encore en changeant l’eau des récipients au moins une fois par semaine, ce qui correspond au cycle du moustique.
D’après les communications de la Dr Marie-Claire Paty, Santé publique France, et de Nohal Elissa, Mairie de Paris.
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