Auparavant, leur taux de popularité dépendait de l’épaisseur de leur carnet de rendez-vous et ne dépassait quasiment jamais les frontières de l’univers médical. Aujourd’hui, il est lié à leurs nombres d’heures passées sur les plateaux de télévision et les réseaux sociaux et leur potentiel de séduction.
À l’ère de la pandémie, tout a changé pour les soignants propulsés pour certains au statut d’influenceurs en réussissant à modifier le mode de vie et de pensée de l’opinion publique. En France, le réseau professionnel LinkedIn et la plate-forme Kolsquare spécialisée dans le marketing et la communication, se sont récemment interrogés sur ce phénomène.
Plus de 70 000 posts mis en ligne par les experts
Des palmarès où se bousculent les professionnels de santé les plus écoutés, comme le Pr Jérôme Salomon ou l’infirmière Lalia Kadri, ont été publiés pour démontrer l’influence de ces nouveaux leaders d’opinion.
En Italie, le scénario est identique. Mais il touche plus particulièrement la catégorie des virologues comme le démontre une enquête menée par l’institut de recherches scientifiques Reputation Science affirmant que plus de 70 000 posts ont été mis en ligne par ces experts depuis le début de la pandémie et que chaque déclaration a généré en moyenne quelque 586 commentaires en ligne.
Cette recherche met également en avant les techniques de communication peaufinées par les virologues italiens pour augmenter leur nombre de followers. Comme, celle du Pr Roberto Burioni qui a ouvert sa première page Facebook il y a trois ans pour combattre la propagande des mouvances anti-vaccination et qui table aujourd’hui sur un bassin de 450 000 followers.
Communiquer en fonction de la courbe de Covid
Pour choisir le jour de sa descente dans l’arène médiatique, ce professeur de microbiologie et virologie de l’université milanaise Vita-San Raffaele, a suivi l’évolution de la courbe épidémiologique et opté pour le moment où le nombre de cas était en train d’exploser. En mobilisant tous les plateaux de télévision durant le confinement, le Pr Burioni est monté sur la première marche du podium des virologues les plus influents avec 26 % de taux d’audience.
D’autres, comme le Pr. Alberto Zangrillo, ont préféré sortir du bois lorsque la courbe de la contamination a entamé sa descente à la fin de l’été dernier. Une bien mauvaise idée qui a rapporté un maigre 7 % de taux d’audience au médecin de Silvio Berlusconi souligne l’institut Reputation Science.
« Pilules d'optimisme »
Certains privilégient les réseaux sociaux comme le Pr Guido Silvestri, virologue, académicien et président de l’ARS, l’agence nationale pour la recherche sur le sida. Avec sa page « pillole di ottimismo », pilules d’optimisme, crée sur Facebook peu après le début de la pandémie en Italie, ce spécialiste qui a enrôlé plusieurs contributeurs importants dans le milieu médical pour donner des informations fiables, a séduit quasiment 200 000 internautes.
Dans son étude, Reputation Science s’est aussi penché sur « l’indice de cohérence » des spécialistes qui, à l’instar des hommes politiques, ont souvent changé leur fusil d’épaule pour renforcer leur taux de visibilité. Mais pour combien de temps encore ?
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