Un travail français apporte pour la première fois la démonstration qu’une rémission prolongée de l’infection par le VIH peut être obtenue chez un enfant infecté lors de la période périnatale après arrêt d'un traitement antirétroviral instauré au cours des premiers mois de la vie.
Cette observation concerne une enfant née en 1996 suivie dans le cadre de la cohorte pédiatrique française ANRS EPF CO10. Elle a été infectée en fin de grossesse ou à l’accouchement alors que sa mère avait une charge virale non contrôlée. Mise sous traitement prophylactique par zidovudine pendant six semaines, cette enfant s’est cependant révélée infectée par le VIH un mois après sa naissance. Deux mois plus tard, et suite à l’arrêt programmé du traitement prophylactique, elle présentait une charge virale très élevée, conduisant à la mise en route d’un traitement associant quatre antirétroviraux.
Ce traitement a été poursuivi jusqu’à ce que l’enfant ait presque six ans. Elle a alors été perdue de vue et sa famille a décidé d’interrompre la prise des antirétroviraux. Revue un an plus tard par son équipe médicale, elle avait une charge virale indétectable (< 50 copies d’ARN-VIH par ml de sang). Ses médecins ont dès lors décidé de ne pas reprendre le traitement.
Douze ans plus tard, à 18 ans et demi, elle présente toujours une charge virale indétectable, avec un seuil de détection particulièrement bas (< 4 copies d’ARN VIH par ml de sang), sans avoir jamais repris d’antirétroviraux. Son nombre de lymphocytes CD4 est resté stable tout au long de ces années.
Débuter le traitement antirétroviral le plus tôt possible
Or elle ne présente aucun des facteurs génétiques connus pour être associés à un contrôle naturel de l’infection. C’est donc selon les chercheurs de l’ANRS, le fait d’avoir reçu très tôt après sa contamination une combinaison d’antirétroviraux qui lui permet d’être en rémission virologique depuis aussi longtemps. Débutés très tôt, les antirétroviraux permettraient en effet de limiter la constitution des « réservoirs » du virus et de préserver les défenses immunitaires.
Cependant, selon le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS, cette rémission ne doit pas être assimilée à une guérison. Cette jeune femme reste infectée par le VIH et il est impossible de prédire l’évolution de son état de santé. Son cas constitue néanmoins, selon lui, un argument fort supplémentaire en faveur d’une mise sous traitement antirétroviral de tous les enfants nés de mères séropositives le plus tôt possible après la naissance.
Quelques cas similaires chez des adultes et un bébé
Ce cas est similaire d’un point de vue clinique, immunologique et virologique à celui des patients adultes de l’étude ANRS EP47 VISCONTI qui, après trois ans de traitement antirétroviral initié dès la phase de primo-infection (c’est-à-dire pendant les premiers mois qui suivent la contamination), présentent un contrôle virologique et immunologique de leur infection depuis 10 ans, sans avoir repris d’antirétroviraux.
Dans un autre cas voisin, celui d’un nourrisson infecté par le VIH traité précocement avait été décrit aux Etats-Unis (le « Mississippi baby »), la rémission n’avait été que de 27 mois après l’arrêt du traitement antirétroviral.
L’arrêt du traitement antirétroviral n’est donc pas recommandé, chez l’adulte comme chez l’enfant, en dehors d’essais cliniques, insistent les chercheurs de l’ANRS, qui soulignent le caractère exceptionnel du cas de cette jeune fille.
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