Si les médecins généralistes n’existaient pas auprès des personnes âgées dépendantes, il faudrait vraiment les inventer ! La lecture de la dernière enquête de la Drees à leur sujet vaut plus que cent discours pour démontrer le rôle irremplaçable de la profession auprès du 4e âge. On y lit qu’en moyenne un généraliste prend en charge 21 personnes âgées dépendantes dans sa patientèle. Une proportion qui est encore plus forte si l’on est un praticien homme (il faut y voir davantage un effet âge qu’un effet genre…) et si l’on exerce à la campagne : « un médecin exerçant en zone rurale a ainsi une probabilité 2,2 fois plus élevée de suivre au moins vingt PAD qu’un médecin exerçant en zone urbaine ».
L’enquête de la Drees, réalisée à partir du panel de généralistes mis en place depuis quelques années dans trois URPS (Bourgogne, Pays-de-la-Loire et Paca) montre aussi que les médecins généralistes s’impliquent tous azimuts. Quitte à se déplacer souvent, puisque 84% des prises en charge de cette population correspond à des visites à domicile, soit bien plus que la moyenne en population générale (12%). Le rôle du généraliste auprès des personnes âgées dépendantes consiste la plupart du temps dans le suivi une pathologie chronique (73% des consultations et 65% des visites). Il s’agit d’actes chronophages (25 minutes en visite, 23 en consultation, contre 18 pour une consultation chez un patient lambda).
Et l’activité du praticien s’étend aussi largement à l’évaluation. Les grilles étant utilisées par les deux tiers des praticiens, un quart d’entre disant y avoir recours « toujours » ou souvent ». Et près de la moitié des praticiens déclarant avoir fait une évaluation du risque de chute chez la dernière personne dépendante qu’il a vue.
Au-delà, l’enquête de la Drees renseigne sur le rôle de chef d’orchestre du médecin de famille dans ces situations. Auprès des paramédicaux intervenants, d’abord. Un médecin sur deux renseigne par exemple le cahier de liaison à domicile. Un sur six a participé à des réunions de coordination autour de la dernière personne dépendante vue à domicile. Auprès des proches aussi : 59% déclarent téléphoner aux aidants pour s’assurer de la continuité des soins. Et quand une aide à domicile est mise en place pour le patient, c’est encore le généraliste qui, près de deux fois sur trois est à l’origine de la décision, directement en contactant le service (16%) ou indirectement en conseillant à l’entourage de le faire.
Pour la première fois sans doute, une enquête confirme donc que les généralistes sont archi investis auprès de leurs vieux patients. Et elle renseigne aussi sur leur fort taux de formation. Les trois quarts des généralistes déclarent en effet avoir suivi au moins une séance de FMC à ce propos. Avec en tête, l’Alzheimer (56%) et la polymédication du sujet âgée (55%). Enfin, un généraliste sur dix détient au moins un diplôme en gériatrie, un taux qui se montre à près d’un généraliste sur cinq en zone rurale.
Voilà une étude qui tombe à point nommé, alors que le gouvernement s’est donné pour priorité de traiter dès cette année de la situation des personnes âgées dépendantes. Alors que neuf praticiens sur dix rapportent avoir déjà été sollicités pour un certificat médical dans le cadre d’une demande d’APA (Allocation personnalisée d’autonomie), ils sont la même proportion à considérer qu’une meilleure coordination entre eux, les services hospitaliers et les intervenants à domicile est une des clés pour améliorer la prise en charge de ces personnes. De la part des pouvoirs publics, reste à organiser tout cela dans le cadre de son projet de loi sur l’autonomie…
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