Drôle de surenchère… Alors que lundi dernier le journal Le Monde rapportait l’existence d’un 8e « bébé sans bras » dans l’Ain, Santé publique France a annoncé hier avoir identifié de son côté 11 cas suspects supplémentaires dans le département entre 2000 et 2014.
Ces chiffres proviennent des analyses complémentaires initiées par l’agence, à partir des données hospitalières (PMSI), suite aux premières révélations du Monde faisant état de cas groupés d'enfants nés avec une agénésie des membres supérieurs dans l'Ain. « Ce travail est en cours », précise Santé publique France. Mais d’ores et déjà l’agence aurait repéré 7 cas suspects supplémentaires de réductions des membres supérieurs entre 2000 et 2008 et 4 entre 2009 et 2014, « parmi lesquels figure a priori celui rapporté par Le Monde ».
Ces nouvelles suspicions s’ajoutent aux 7 cas initialement pointés par le registre des Malformations en Rhône-Alpes (REMERA) début octobre. À l’époque, Santé publique France s’était voulu rassurante, estimant que l’analyse statistique des données disponibles « ne mettait pas en évidence un excès de cas par rapport à la moyenne nationale ». Des conclusions d’emblée contestées par la responsable du registre, Emmanuelle Amar et que la nouvelle annonce de Santé publique France pourrait bien fragiliser.
La fiabilité des registres en question
Même s’il faut encore vérifier qu’ils correspondent tous à d’authentiques agénésies transverses des membres supérieurs (en vérifiant notamment qu’il s’agit bien d’anomalies isolées survenant sans autre malformation majeure associée, sans anomalie chromosomique, et sans contexte de bride amniotique connu), ces nouveaux cas suspects interrogent aussi sur la fiabilité des registres censés être exhaustifs. S’agissant du 8e cas dévoilé par Le Monde, Emmanuelle Amar argue « d’un concours de circonstance bien fâcheux », à savoir un défaut de dossier médical informatisé dans la maternité où est né le jeune garçon en 2012, expliquant qu’il ait échappé aux registres.
Pour améliorer les choses, Santé publique France a annoncé la constitution d’une fédération des registres des anomalies congénitales, « de façon à homogénéiser et consolider le recueil des données dans le cadre d’une base de données commune ».
Enfin, si un excès de cas est établi, se posera la question de la cause potentielle. Certains élus écologistes incriminent les pesticides même s’il n’y a pas de preuves scientifiques, comme le reconnaît Emmanuelle Amar. Pour le moment les investigations menées par Santé publique France dans l’Ain (mais également en Bretagne et en Loire-Atlantique où l’agence a établi l’existence de cas en excès), n’ont « pas permis d’identifier une exposition commune qui pourrait être à l’origine de ces malformations graves ».
Afin d’y voir plus clair, le gouvernement a décidé la semaine dernière d’ouvrir une nouvelle enquête avec l'Anses et Santé publique France.
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