Vent debout ! Alors même que la HAS venait de trancher sur leur intérêt médical insuffisant, la décision de la ministre de la Santé de ne pas dérembourser les médicaments anti-Alzheimer a fait réagir la galaxie médecine générale. Pour la première fois, trois syndicats signataires de la Convention ont même incité leurs confrères à ne plus prescrire ces molécules. Et, qualifiant « d’incompréhensible » la décision de la ministre, le Collège de la médecine générale est allé jusqu’à réclamer leur retrait du marché. Avec d’autant plus d’aisance que, depuis 2012, la question de la prise en charge pharmacologique de la maladie d’Alzheimer y est régulièrement débattue.
Incontestablement, on peut reprocher à Marisol Touraine de ne pas appuyer ses décisions sur des critères scientifiques. Et, une fois de plus, de se caler sur les revendications d’associations de patients, France Alzheimer s’étant émue du risque de déremboursement dès juin. Une telle attitude ouvre sans surprise un boulevard aux professionnels de santé pour faire la leçon à la ministre qui les malmène. Et aux syndicats qui ont paraphé une convention où ils s’engagent à améliorer les prises en charge tout en soignant les deniers publics, de s’offusquer de dépenses inutiles – 130 millions d’euros par an – et potentiellement dangereuses. Mais s’interroger sur l’inutilité, voire le risque, de poursuivre la prescription d’anti-Alzheimer à des patients souffrant de démence grave relève d’une question de pratique médicale, voire d’éthique. Doit-on conserver un médicament si on n’en attend rien ?
Le médicament n’est aujourd’hui clairement plus la solution. Et de plus en plus d’études plaident pour une approche plus préventive que curative. Ce d’autant que la prévalence de la maladie aurait marqué le pas au cours de la dernière décennie, en parallèle avec l’évolution favorable des déterminants. Un tiers des cas serait attribuable à des facteurs de risque modifiables, donc contrôlables. Cette stratégie mériterait un engament politique fort. Cela dit, aujourd’hui, où ces notions sont balbutiantes et aléatoires, doit-on définitivement répondre aux malades qui s’installent dans la maladie qu’on ne tentera rien pour eux ?
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