Malgré une interdiction de l’amiante datant de plus de vingt ans, beaucoup de mésothéliomes continuent aujourd’hui à être diagnostiqués. Il faut y penser en particulier chez les travailleurs du BTP, car l’histoire n’est pas finie, alerte Santé publique France dans son dernier numéro du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) entièrement consacré à ce sujet.
Une augmentation sur 10 à 20 ans
Avec 5 625 cas de mésothéliome sur la période 1998-2017, l’amiante fait encore parler d’elle. « À ce jour, on ne peut exclure que l’incidence continuera à augmenter pendant au moins une ou deux décennies dans notre pays », avertissent les épidémiologistes du Programme national de surveillance du mésothéliome (PNSM) dans le BEH.
D’où l’importance de toutes les actions de prévention auprès des personnes qui ont pu être en contact avec l’amiante interdit à l’usage en 1997. Les actions de prévention doivent se concentrer dans le secteur du BTP, particulièrement auprès des travailleurs exposés où la perception du risque pour certains est encore faible, et surtout en direction des jeunes en formation dans ce secteur.
Des expositions extraprofessionnelles
Le risque amiante et ses moyens de protection méritent la même attention dans les activités de bricolage, les expositions à proximité de bâtiments vétustes, dégradés, sans oublier les friches industrielles. Il faut aussi prendre en compte les expositions extraprofessionnelles des personnes fréquentant des bâtiments contenant de l’amiante (lieux de travail, écoles…), en particulier en cas de dégradation, ou encore la gestion des déchets amiantés.
Au cours des vingt dernières années, les caractéristiques des patients ayant un mésothéliome pleural ont évolué avec de plus en plus de femmes, et un âge de diagnostic qui est passé de 70 à 75 ans (pour les deux sexes). Le pronostic reste réservé avec en moyenne une survie de 13 mois. On retrouve une exposition professionnelle à l’amiante chez plus de 90 % des hommes, mais chez seulement 40 % des femmes, ce qui indique une participation d’autres éléments que l’amiante. Les chercheurs poursuivent leurs investigations sur d’autres facteurs d’exposition comme les laines minérales ou d’autres sources environnementales.
À ce titre, la mise en œuvre en 2021 du Dispositif national de surveillance des mésothéliomes (DNSM) intégrant l'actuel PNSM, avec la déclaration obligatoire (DO) sur l’ensemble du territoire permettra d’améliorer le recueil de données. L'objectif est de suivre le maximum de mésothéliomes (plèvre et autres localisations), de mieux connaître les expositions environnementales et de renforcer l’articulation des données épidémiologiques avec les travaux de recherche.
Orienter les patients pour une reconnaissance médico-sociale
Les médecins doivent orienter les patients concernés vers les bonnes structures prévues pour une reconnaissance médico-sociale et des indemnisations. Les auteurs du BEH déplorent un manque de reconnaissance : « Le recours aux dispositifs d’indemnisation est encore insuffisant, avec 27 % des patients relevant du régime général de Sécurité sociale (RGSS) ne faisant aucune démarche et 53 % de ceux hors RGSS n’ayant pas recours au Fiva (fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante) ».
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