Malgré un maniement plus facile, les AOD (anticoagulants oraux d'action directe) ne font pas mieux que les AVK en matière d’adhésion au traitement anticoagulant, laquelle reste globalement très insuffisante en France. Telle est la conclusion décevante d’une étude de la Cnam diffusée le 13 septembre. Réalisé à partir des bases de données françaises Sniiram/PMSI, ce travail a porté sur près de 35 000 patients ayant débuté un traitement par anticoagulant pour une fibrillation atriale (FA) non valvulaire au premier semestre 2013.
Ces patients ont été suivis durant un an. Les auteurs ont mesuré les taux d’arrêt et comparé les résultats des différents anticoagulants entre eux (warfarine, coumadine, fluindione, dabigatran ou rivaroxaban). Compte tenu de la période d’inclusion, l’apixaban qui n’était pas encore disponible en France, n’est pas concerné.
Un arrêt d’au moins 60 jours
Tous anticoagulants confondus, la fréquence des arrêts dans la première année suivant le début du traitement est élevée puisqu’un patient sur cinq stoppe son traitement pendant au moins 60 jours. Cette fréquence atteint même un patient sur trois si l'on inclut les sujets qui changent de classe thérapeutique. Par ailleurs, « les résultats de la comparaison des taux d’arrêt entre nouveaux utilisateurs d’AOD et d’AVK suggèrent que l’adhésion au traitement AOD n’est pas meilleure qu’avec le traitement AVK », indique la Cnam.
Compte tenu d’une utilisation facilitée pour les patients (suppression du suivi biologique régulier et schéma posologique fixe), « une amélioration de l’adhésion au traitement anticoagulant oral, souvent décrite comme insuffisante avec le traitement par AVK, était attendue avec les AOD », estime l'assurance maladie. Il semble finalement qu’il n’en soit rien…
Pour les auteurs de l’étude, cette contre-performance pourrait s’expliquer notamment par « un contact moins fréquent des patients avec le système de soins en l'absence de suivi INR ». Il est aussi probable que « des événements indésirables tel que les effets gastro-intestinaux rapportés avec le dabigatran aient joué un rôle ». De façon plus générale, « cette étude montre que l’usage des anticoagulants oraux, chez les patients atteints de FA non valvulaire reste suboptimal en France ».
Un suivi moins régulier
Or, on sait que l'efficacité des AOD est subordonnée à une prise régulière du traitement, du fait notamment d'une demi-vie courte. Et comme pour les AVK, « des données issues d'essais randomisés montrent que la non-continuité du traitement est associée à un risque accru de thrombose artérielle » rapportent les auteurs. Face à ce constat, et la Cnam s’est associée à la Société française de cardiologie en publiant un communiqué sur l’importance de l’adhésion des patients souffrant d’une FA, au traitement anticoagulant, « notamment chez ceux sous AOD pour lesquels un suivi biologique n’est pas nécessaire. »
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