Appel à la vigilance devant la recrudescence des entérovirus en France

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Publié le 24/07/2024

Dans son dernier bilan, Santé publique France (SPF) met en évidence une recrudescence des infections à entérovirus depuis 2023, particulièrement marquée au printemps 2024. Alors qu’une intensification de la circulation est redoutée cet été, les professionnels de santé sont invités à redoubler de vigilance face aux tableaux cliniques sévères.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Réalisés par Santé publique France (SPF) et le Centre national de référence des entérovirus et paréchovirus (CNREP) le bilan 2023 et le bilan provisoire 2024 des infections à entérovirus montrent une circulation en hausse, semblable à la période pré-Covid, de ces virus. Alors qu’une faible circulation des entérovirus a été observée durant la période pandémique jusqu’en 2022, les niveaux d’infections à entérovirus sont repartis à la hausse en 2023 avec 2 339 cas (contre 2 720 en moyenne entre 2016 et 2019). Cette reprise épidémique est particulièrement marquée par la hausse de l’épidémie de méningite avec 1 555 cas durant l’été 2023.

Pour 2024, les autorités de santé s’inquiètent d’un pic observé dès ce printemps avec 293 cas de méningite au 19 juin contre 178 en 2023 à la même période. Elles appellent ainsi les professionnels de santé « à une vigilance particulière devant des tableaux cliniques sévères, en particulier neurologiques, ou chez la personne immunodéprimée et devant toute infection néonatale sévère pour lesquels une infection à entérovirus doit être évoquée et recherchée ».

Habituellement, les infections à entérovirus connaissent deux pics annuels, le premier à l’été, avec un début possible en mai et un pic estival en juin/juillet, et le second à l’automne avec une prédominance des méningites bénignes en milieu hospitalier.

Crainte d’une hausse chez les très jeunes enfants

Pour 2023, les principaux signes cliniques rapportés étaient la fièvre (83 %), les signes neurologiques (63 %), digestifs (39 %), respiratoires (22 %) et cutanés (14 %). Les patients avaient moins de 16 ans pour 80 % d’entre eux et moins d’un an pour 52 %. Le bilan note une stabilité des infections néonatales qui représentent 19 % des infections à entérovirus, malgré une alerte donnée en avril 2023 concernant 4 cas d’infections sévères avec défaillance hépatique, dont un décès, en lien avec un nouveau variant recombinant (E11).

Pour 2024, au-delà du pic printanier observé, le bilan relève que les adolescents de plus de 15 ans sont les plus touchés puisqu’ils représentent 32 % des cas contre 23 % en 2023 et 18 % en 2022. Concernant les infections néonatales (16 % des infections à entérovirus), 105 ont été recensés dont 8 cas sévères ayant conduit à deux décès. Devant ces chiffres, les autorités de santé craignent une hausse des cas d’infections à entérovirus et de méningites virales, « en particulier chez les très jeunes enfants ».

Recherche du génome dans les cas sévères

Santé publique France souligne l’importance de rechercher le génome des entérovirus dans les cas sévères, et d’envoyer les prélèvements au CNREP en cas d’infection néonatale ou d’atteinte neurologique sévère associée à une infection à entérovirus.

Pour les infections néonatales, une détection d’entérovirus dans le sang, des prélèvements périphériques et/ou un génotypage (si positif) doivent s’ajouter aux prélèvements bactériologiques et à la détection d’entérovirus dans le liquide céphalo-spinal (LCS). Pour les atteintes neurologiques, il est recommandé de rechercher le génome des entérovirus dans le LCS et les prélèvements périphériques.

SPF insiste enfin sur le respect des règles d’hygiène familiale et/ou en collectivités (lavage des mains, désinfection des surfaces) pour limiter la transmission de ces virus, notamment aux personnes immunodéprimées et femmes enceintes. L’agence rappelle l’inutilité du recours aux antibiotiques, le traitement étant uniquement symptomatique.


Source : lequotidiendumedecin.fr