"L'amiante, le sang contaminé, c'est rien par rapport à ça, s'il n'y a pas très vite une prise de conscience". Serge Le Quéau de l'Union solidaire de Bretagne mobilise les défenseurs de l'environnement autour du prochain cadre d'utilisation des pesticides en cours d'élaboration. À cette fin, il a organisé une conférence de presse à Rennes vendredi avec une demi-douzaine d'autres associations comme Générations Futures, Eau et Rivières de Bretagne, Greenpeace ou encore Soutien aux victimes de pesticides. Il est établi aujourd'hui que les pesticides sont à l'origine de deux grandes maladies: les lymphomes et la maladie de Parkinson, assure Jean-François Deleume, de Générations Futures.
La raison de cette mobilisation a pour origine une décision récente du Conseil d'Etat qui en juillet a annulé l'arrêté ministériel du 12 septembre 2006 encadrant l'utilisation des produits phytosanitaires, à la demande de l'Association nationale des producteurs de pommes et de poires. Motif : il n'avait pas été soumis à la Commission européenne pour avis...
Le texte incriminé, qui sera caduc au 7 janvier 2017, prévoyait notamment que "des moyens appropriés doivent être mis en œuvre pour éviter l'entraînement (des produits phytosanitaires) hors de la parcelle ou de la zone traitée", mais évoquait aussi la protection des zones non traitées ou encore la prise en compte de l'intensité du vent.
Un nouveau texte est en cours de réécriture au sein du Comité national de révision des normes agricoles qui réunit les trois ministères concernés - Santé, Environnement et Agriculture - ainsi que les syndicats agricoles. Les associations regrettent que seuls les utilisateurs des produits phytosanitaires aient été consultés, "une opacité particulièrement inquiétante" dénoncent-elles, "alors que l'utilisation des pesticides pose de redoutables problèmes de santé publique et d'environnement". Tandis que le ministère de l'Environnement prévoit de recevoir lundi les représentants des associations, le ministère de l'Agriculture explique que le projet d'arrêté sera "mis à disposition du public sur internet d'ici la fin octobre". "Et chacun pourra réagir auprès des ministères concernés", assure-t-on.
Gilles Huet, d'Eau et Rivières de Bretagne souhaite que le nouveau texte prévoie des délais de rentrée (délais entre l'épandage de pesticide et le moment où l'on peut rentrer sur la parcelle traitée) suffisants pour protéger les travailleurs agricoles et qu'il fixe une distance limite d'utilisation vis-à-vis des lieux habités par la population, qu'il s'agisse de maisons individuelles ou de lieux collectifs comme les écoles ou les maisons de retraite.
Du côté de la FNSEA, on redoute de nouvelles velléités réglementaires. La Fédération d'agriculteurs assure que ses militants vont aller taguer les routes pendant quatre jours "pour que chacun prenne conscience des risques pour l'agriculture et les Français".
"La règlementation n'est pas la mort de l'agriculture", se défend Gilles Huet. Et d'insister :le nouvel arrêté doit intégrer les recommandations formulées depuis 2006 par les instituts de santé publique comme l'Inserm ou l'Anses.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation