Un peu plus d’un an après leur présentation lors de la 19e conférence mondiale sur le cancer du poumon, les données de l’étude belgo-néerlandaise Nelson (Nederlands-Leuven Screening ONderzoek) viennent enfin d’être publiées dans le New England Journal of Medicine.
Très attendue, cette publication conforte l’intérêt potentiel d’un dépistage du cancer du poumon par scanner basse dose dans une population de fumeur et ex-fumeurs à risque, relançant le débat sur la nécessité de mettre en place un tel dépistage en France.
Cet essai a inclus près de 16 000 personnes de 50 à 74 ans ayant fumé plus de 15 cigarettes par jour pendant plus de 25 ans ou plus de 10 cigarettes par jour pendant plus de 30 ans ou ex-fumeur ayant cessé l’intoxication depuis moins de 10 ans. Dans cette population à risque, la réalisation régulière (à 1 an, 3 ans puis 5,5 ans) de scanners thoraciques basse dose était associée à une diminution de la mortalité par cancer du poumon de 24 % chez les hommes et 33 % chez les femmes.
À 10 ans de suivi, chez l’homme, l’incidence du cancer du poumon était de 5,58 cas pour 1 000 personnes-années dans le groupe de dépistage et de 4,91 cas pour 1 000 personnes-années dans le groupe témoin et la mortalité par cancer du poumon de respectivement 2,50 et 3,30 décès pour 1 000 personnes-années.
Après l’étude NLST (National Lung Screening Trial) parue en 2011, l’étude Nelson est ainsi le deuxième essai randomisé mettant en évidence l’intérêt du dépistage par scanner en termes de décès évités. Par rapport à l’étude NLST, dont le protocole était fondé sur le diamètre des nodules, la technologie et les techniques d’interprétation ont été optimisées dans l’étude Nelson, améliorant les performances du dépistage. Trois types de résultats de scanner ont été individualisés en fonction du volume du nodule puis, dans un second temps, du temps de doublement de celui-ci. Avec à la clé moins de faux positif. « Grâce à leur algorithme, les investigateurs de l’étude Nelson augmentent très nettement la valeur prédictive positive qui atteint 43,5 %, précise le Pr Bernard Maitre (CHI de Créteil), contre 3,8 % dans l’essai NLST ». Sur les 22 600 participants cumulés sur tous les cycles, 264 (1,2 %) avaient un test faussement positif.
Alors qu’en 2016, la Haute Autorité en Santé avait retoqué l’idée d’un tel dépistage, du fait notamment d’un trop grand nombre de faux positifs dans l’étude NLST, ces nouveaux résultats pourraient changer la donne.
7 500 décès évitables en France chaque année
Dès la présentation orale des premiers résultats de l’étude Nelson, une trentaine d’experts cancérologues, pneumologues et radiologues français soutenus par l’IFCT (Intergroupe francophone de cancérologie thoracique) et la SIT (Société d’imagerie thoracique) étaient montés au créneau pour réclamer la mise en place rapide d’une politique de dépistage par scanner basse dose dans l’Hexagone. Plus récemment, la FNMR avait demandé une telle mesure dans le cadre du projet de budget de la Sécu.
« Actuellement, les trois-quarts des cancers du poumon sont diagnostiqués à un stade localement avancé ou disséminé dans l’organisme. Une politique de dépistage ciblé permettrait d’inverser exactement la proportion : 75 % des cancers du poumon seraient alors opéables », plaide le Pr Charles-Hugo Marquette, (chef du service de pneumologie du CHU de Nice) qui appelle à ne plus tergiverser. En France, avec 31 000 morts annuels par cancer du poumon, un tel dépistage pourrait sauver 7 500 vies.
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