Présenté lors de la 64e édition des Journées francophones de radiologie, le concept de diagnostic en 1 jour a émergé dans les années 1990. L’objectif était de limiter les effets psychologiques dus à une trop longue attente des résultats.
Cette méthode « One Stop Clinic » a été créée au départ pour le diagnostic des lésions symptomatiques. C’est à la suite du lancement du dépistage organisé en France en 2004 que le système a été élargi à l’ensemble des lésions suspectes. Pionnier du genre, l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif) a mis le concept en pratique cette même année. Depuis, près de 14 000 femmes ont été prises en charge dans cette structure, dont 80 % vivaient en région parisienne. Actuellement, vingt-huit personnes sont accueillies par jour en moyenne.
Comment réaliser cette prouesse ?
« La gestion des flux de patientes et des médecins demeure compliquée », explique le Dr Suzette Delaloge, chef du comité de pathologie mammaire. Un plateau technique composé de différents praticiens, dont un chirurgien sénologue, un oncologue, des radiologues, un cytopathologiste spécialisé et de nombreux experts en soins de support, tous réunis dans une même structure, a donc été mis en place. Une équipe d’infirmiers dirigée par une coordinatrice accompagne les femmes durant cette journée.
Le bilan repose sur l’examen clinique, sur la relecture des images avec la réalisation de nouveaux clichés et de prélèvements guidés par l’imagerie. Les spécialistes ont recours à la cytoponction guidée par échographie puis à l’angiomammographie, selon les besoins. Une tomosynthèse, voire une biopsie écho-guidée peuvent également se révéler nécessaires. Au terme des examens, si le diagnostic de cancer est confirmé, les possibilités de prises en charge sont discutées avec la patiente. Comme le recommande le Plan Cancer, l’équipe pluridisciplinaire analyse les données concernant chaque patiente et décide de la meilleure option thérapeutique.
Enfin, lorsqu’une opération est indiquée, une consultation avec un chirurgien est fixée pour le mois qui suit le diagnostic.
Une méthode qui se révèle très prometteuse
D’après une étude de l’European Journal of Cancer, qui incluait près de 10 600 patientes, cette méthode s’est montrée très prometteuse. L’exactitude du diagnostic a été évaluée par comparaison entre celui porté lors de cette journée et la confirmation après chirurgie, une biopsie ou après une surveillance à long terme. D’après les chiffres, 69 % des femmes qui ont consulté avaient une masse et 31 %, présentaient des microcalcifications ou d'autres types de lésions. Après analyse, 56 % des anomalies ont été considérées comme bénignes et 36 % comme malignes. En outre, la sensibilité du diagnostic a été estimée à 98,4 % et sa spécificité à 99,8 %.
Ainsi, le diagnostic a pu être établi en 1 jour pour 75 % des patientes (87 % en cas de masse dépistée, soit cliniquement soit via une mammographie). L’étude a également montré les bénéfices en termes de budget, car le coût médian de la procédure s'élèverait à 420 euros. Du fait de ces résultats, le concept intéresse de nombreuses structures dans les pays émergents. Il est aussi envisagé de l’adapter pour d’autres pathologies, comme le cancer de la thyroïde.
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