Une récente enquête du journal Le Monde intitulée « Cancers les chiffres qui inquiètent » établissait un lien entre la baisse d’incidence du cancer du sein entre 2002 et 2005 chez les femmes de 50 à 79 ans, et le quasi arrêt des traitements hormonaux substitutifs de la ménopause, largement prescrits auparavant.
Le Gemvi, groupe d’études sur la ménopause et le vieillissement, réagit. Ses membres, dans un article signé par le Pr Anne Gompel (hôpital Port Royal, Cochin), se déclarent « très inquiets des conséquences de publications comme celles-là, affichant sans discussion des risques importants de cancer du sein liés à l’utilisation de traitements hormonaux ». « La conséquence de ces propos est telle que les femmes de France et d’autres pays n’osent plus utiliser de traitement de la ménopause quand elles en ont besoin et se privent de leurs bénéfices, notamment en terme de qualité de vie souvent très altérée », poursuit le Bureau du groupe.
L’organisme veut remettre les pendules à l’heure. Selon lui, il est indéniable que le THM peut augmenter à long terme, après 5 à 10 ans d’utilisation, l’incidence du cancer du sein. Mais cet effet stoppe à l’arrêt du traitement.
Cependant, le Gemvi souligne que les traitements utilisés par les femmes dans l’étude WHI ayant montré ce surrisque sont peu employés en France (estrogènes équins et medroxyprogestérone acetate). Il ajoute qu’avec les estrogènes equins seuls, ce surrisque disparaissait au profit d’une diminution des cancers du sein. En outre, le Gemvi rappelle que les traitements français par estradiol et progestérone sont associés à un risque plus faible et plus tardif, disparaissant à l’arrêt du traitement. Et que les femmes utilisant le THM en début de ménopause n’ont pas ce surrisque. Enfin, une récente étude finlandaise suggère une baisse de mortalité par cancers du sein chez les femmes traitées par THM, relève Anne Gompel.
Le Gemvi explique en outre que la baisse des cancers constatée après l’arrêt des traitements par THM n’est pas monofactorielle. Elle peut en partie s’expliquer par une baisse d’observance du dépistage survenue au même moment dans les mêmes populations, qui a, selon, Anne Gompel, été montré par diverses publications internationales. La gynécologue cite également un article publié en février 2016 dans la revue Maturitas, sur l’incidence des cancers du sein dans onze pays d’Europe et dans laquelle « aucun lien statistique, aucune relation n’a pu être établie entre la baisse d’utilisation du THM et l’incidence du cancer du sein ». « Mettre en relation l’observation de deux variables telles que THM et incidence du cancer mammaire crée un lien causal unique et dénie tous les autres facteurs impliqués dans les variations d’incidence. Il s’agit alors d’une simplification du discours, forcément inexacte », conclut le Gemvi.
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