Avec quatre canicules au compteur, l’été 2023 est à ce jour le quatrième été le plus chaud depuis le début du XXe siècle. Santé publique France (SPF) a présenté son bilan canicule 2023 qui impute 3 % des décès toutes causes à la chaleur et 10 % aux épisodes de canicule. Les trois quarts de ces décès concernaient les plus de 75 ans.
« Les événements climatiques de l’été 2023 sont inédits », expose Sébastien Denys, directeur Santé environnement travail à SPF, « et l’impact sanitaire a été important avec un plus grand recours aux soins hospitaliers et une plus forte sollicitation de SOS Médecins ». En effet, selon le rapport de SPF, durant l’été 2023, les épisodes de canicule ont touché 73 % du territoire hexagonal ; avec toutefois une hétérogénéité territoriale et un Sud-Est plus touché (plus de 20 jours de canicule pour l’Isère, et entre 15 et 19 jours pour les Alpes-Maritimes, l’Ain, le Rhône et le Puy-de-Dôme).
Doublement des passages aux urgences
L’intense chaleur estivale est ainsi responsable de 5 167 décès (3 % des décès toutes causes) et les quatre épisodes de canicules en particulier de 1 523 décès (10 %) ; la région sud-est en compte le plus. Des estimations à la hausse, avec 758 décès en excès, par rapport aux 500 estimés dans le bilan intermédiaire livré en octobre 2023 par SPF.
L’agence a utilisé un nouvel indicateur introduit l’année dernière, qui estime le nombre de décès attribuables à la chaleur, et non plus aux seules canicules. « Nous avons étudié par départements les variations de températures quotidiennes au cours des années précédentes et les avons mis en regard des variations du nombre de décès », détaille Guillaume Boulanger, responsable de l’unité qualité des milieux de vie et du travail et santé des populations. SPF a également recensé, via iCanicule, 16 340 passages aux urgences, soit une augmentation d’un facteur 2,1 par rapport à la moyenne, 19 676 hospitalisations des suites d’un passage aux urgences et 3 455 consultations SOS Médecins (augmentation de facteur 3). La population concernée par ces statistiques était à 75 % les plus de 75 ans.
Si ces chiffres de mortalité sont similaires aux années précédentes (entre 10 et 12 % dus à la chaleur entre 2018 et 2023), Guillaume Boulanger précise cependant la difficulté de comparer les canicules d’une année sur l’autre, « car chaque canicule a ses caractéristiques de durée, de variations, de temporalité » De plus, explique-t-il, « si le décès peut être “immédiat”, il peut aussi survenir trois à 10 jours après le pic de chaleur ».
Les sujets âgés et les travailleurs, deux populations plus à risque
« Tout le monde est touché, particulièrement les plus vulnérables, les plus de 75 ans, mais les jeunes le sont aussi », alerte la directrice générale de SPF, la Dr Caroline Semaille, qui tient à attirer l’attention sur les autres publics à risque tels que les travailleurs. SPF comptabilise ainsi 11 accidents de travail mortels, selon les données remontées par la Direction générale du travail : 10 hommes de 19 à 70 ans, avec un âge médian de 47 ans, et la moitié dans le milieu de la construction et des travaux. Les plus jeunes ne doivent pas non plus être négligés, car « la vulnérabilité est certes liée à l’âge, mais est aussi en lien avec les modes de vie, les conditions de travail ou les comportements », précise Agnès Verrier, de la direction de la prévention et de la promotion de la santé à SPF.
L’experte insiste également sur la nécessité de faire de la prévention et de la sensibilisation, en général, sur la surexposition à la chaleur. En ce sens, SPF veut démarrer les campagnes de communication multimédias en amont de la période estivale (dès mai-juin). « L’objectif de notre dispositif est de sensibiliser aux symptômes d’hyperthermie et de déshydratation, et de former aux gestes de protection face à la chaleur », développe-t-elle.
« Le phénomène de réchauffement climatique et ces résultats montrent l’importance de renforcer la prévention et la sensibilisation auprès de tous les publics. Il est primordial de plaider pour des politiques d’atténuation et d’adaptation au changement climatique sur tout le territoire », conclut Sébastien Denys. Et ce d’autant plus que « les épisodes de chaleur et canicules seront plus longs et plus intenses dans les années à venir », argue Guillaume Boulanger.
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