Si le cannabis est surtout connu pour son action psychotrope et ses risques psychiatriques, il est également délétère pour l’appareil respiratoire comme l’a expliqué le Pr Bertrand Dautzenberg (Paris) en amont du Congrès français de pneumologie.
Selon ce spécialiste, « de nombreuses études établissent un lien entre les consommations de cannabis et différentes pathologies respiratoires ». Et, à ce jour, l’impact du cannabis sur le système immunitaire respiratoire fait consensus avec un sur-risque d’infections respiratoires hautes et basses. Même chose pour l’effet sur les grosses bronches avec davantage de toux, d’expectorations et de bronchites chroniques rapportés chez les fumeurs réguliers de cannabis.
Pour l’asthme, le constat est ambivalent. Le tétrahydrocannabinol (THC) est un bronchodilatateur et le fumeur de cannabis peut dans un premier temps, être amélioré. « Mais il s’agit d’un effet trompeur dans la mesure où, très vite, se manifeste une exacerbation des crises du fait des particules irritantes de la fumée qui accompagne le THC », prévient le Pr Dautzenberg.
Plaidoyer pour une consommation « plus propre »
Le lien entre consommation de cannabis et BPCO est plus difficile à établir, notamment du fait des incertitudes sur l’intensité de l’exposition et de la co-exposition à la fumée du tabac. Même chose pour le cancer broncho-pulmonaire, où les données sont contradictoires. Globalement, « on peut retenir qu’une consommation de cannabis de 20 joints/années double le risque de cancer », résume le Pr Dautzenberg.
Le mode de consommation « à la française » (joint de résine de cannabis fumé avec du tabac) est particulièrement nocif dans la mesure où il implique à la fois une inhalation de fumée et de nicotine. À défaut d’empêcher l’usage de cannabis, le Pr Dautzenberg plaide donc pour une consommation « plus propre » en remplaçant le tabac par des plantes à fumer ou en privilégiant la consommation de feuille de cannabis. Le pneumologue propose également comme un « pis-aller » l'utilisation du cannabis par vaporisation, estimant que « s'il n'y a plus de fumée, il y a beaucoup moins d'effet toxique », tout en soulignant le manque de contrôle des dispositifs et des produits disponibles en France.
Enfin, partant du constat que la France reste la championne d’Europe de la consommation de cannabis, le pneumologue plaide aussi pour une dépénalisation du produit au profit d’un usage légal mais strictement encadré.
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