Le congrès organisé par le Collège national des gynécologues obstétriciens français (CNGOF), Pari(s) Santé Femmes (PSF), revient pour une nouvelle édition 2024 au Cnit (Centre des nouvelles industries et technologies) du 12 au 14 juin 2024 à Paris La Défense. Avec un programme varié réunissant 22 sociétés savantes, le congrès reflétera les nouveaux enjeux de santé des femmes en obstétrique, en gynécologie, en médecine de la reproduction, ou encore en sénologie, à la lumière des problématiques sociétales.
La Pr Joëlle Belaisch-Allart, présidente du CNGOF et du directoire de PSF, a mis en avant les temps forts que seront les recommandations de pratique clinique sur la mort fœtale in utero et l’auto-examen des seins, ainsi que les césariennes et déclenchements dits de convenance. Elle a également tenu à dire quelques mots sur l’autoconservation des ovocytes, « un sujet d’actualité » qui soulève de nombreuses interrogations tant sur les possibilités offertes que sur ses limites. Autres thématiques phares : la nouvelle campagne de sensibilisation au cancer de l’endomètre, la présentation de la dernière enquête sur les morts maternelles, l’actualité dans l’endométriose et le syndrome des ovaires polykystiques, la prévention de l’immunisation Rhésus… Vous pourrez retrouver le congrès dans le Quotidien du 12 juillet.
Zoom sur les RPC
Le Pr Éric Verspyck (Rouen) a communiqué l’essentiel des recommandations de pratique clinique (RCP) sur la mort fœtale in utero (arrêt spontané de l’activité cardiaque du fœtus à partir de 14 SA + 0 J). Un événement qu’il est « compliqué de chiffrer et pour lequel les études ne répondent pas à tout » et qui concernerait entre 3,2 et 4,4/1 000 naissances après 22 SA. Le gynécologue-obstétricien du CHU de Rouen a insisté sur les facteurs de risque connus de la mort fœtale : l’obésité, le tabac, l’origine, l’âge avancé, la précarité, les grossesses issues de l’aide médicale à la procréation, l’hypertension et le diabète préexistant, les maladies auto-immunes… Il a également tenu à rappeler que l’activité physique n’est pas associée au risque de mort fœtale et que ni le repos ni les supplémentations ne sont donc à préconiser. Un livret à destination du grand public complétera les RPC, a annoncé le gynécologue après avoir salué le rôle d’accompagnant des associations de patientes.
De son côté, le Pr Vincent Lavoué, gynécologue-obstétricien au CHU de Rennes, a fait une mise au point sur l’intérêt de l’auto-examen des seins (AES) dans le cadre du dépistage du cancer du sein en population générale. Il a ainsi expliqué qu’à ce jour la littérature ne montre pas de bénéfice de l’AES pour le dépistage, mais engendrerait plutôt une augmentation des biopsies inutiles, ainsi que l’anxiété chez les femmes. Le dépistage organisé entre 50 et 74 ans, et la visite annuelle à partir de 25 ans restent donc les examens de référence, le Pr Lavoué indiquant par ailleurs qu’est actuellement discuté l’élargissement des limites d’âge pour le dépistage organisé. Reconnaissant néanmoins l’intérêt de connaître sa poitrine, le Pr Lavoué a expliqué que les recommandations invitaient surtout à ne pas le survendre.
Autoconservation des ovocytes et accouchement de convenance
À propos de l’autoconservation des ovocytes sans raison médicale, autorisée depuis 2021 par la loi de bioéthique, la présidente a rappelé que la filière se trouve déjà saturée. Seuls 41 centres publics sont autorisés à la pratiquer, mais une extension aux centres privés a été récemment annoncée. Une nouvelle dont se réjouit la présidente qui attend l’entrée en vigueur dans la loi et qui espère que tous les centres d’assistance médicale à la procréation seront autorisés dans le futur. Et l’autoconservation ne va pas sans soulever de nombreuses questions, particulièrement dans le contexte de la baisse de natalité en France : est-ce une nouvelle façon de procréer ? Une solution aux difficultés du don d’ovocyte ? Pour quelles limites d’âge ?
La césarienne et le déclenchement dits de convenance qui, bien que rares, font l’objet d’une augmentation des demandes. « En tant que médecin, nous proposons des soins à nos patientes que ces dernières peuvent refuser ou pas, mais dans l’autre sens, la demande d’un soin, nous n’avons pas de repères », rapporte le Pr Verspyck à propos des césariennes. S’il est difficile de chiffrer le phénomène, les experts tendent à dire que ces pratiques semblent centre-dépendant. « Il y a de nombreuses raisons qui poussent les femmes à demander une césarienne de convenance, certaines plus entendables que d’autres. L’important reste de ne pas rompre le soin avec nos patientes », poursuit la Pr Belaisch-Allart. Le déclenchement de convenance, plus courant, qui a « bénéficié des résultats de l’étude américaine “Arrive”, dont la version française “French-Arrive” est en cours », semble mieux accepté par la communauté médicale. Le pour et le contre seront débattus lors de la session dédiée le mercredi 12 juin.
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