Une étude épidémiologique réalisée du 30 mars au 3 avril dans un lycée à Crépy-en-Valois dans l'Oise, au sein d'un épicentre de l'épidémie de Covid-19 en France, révèle que 26 % des enseignants, lycéens et leurs familles ont été infectés et possèdent des anticorps contre le virus, selon l'Institut Pasteur.
Cette première étude sérologique conduite en France par l'Institut Pasteur*, qui a fait l'objet d'une publication dans MedRxiv (BMJ), apporte des informatioins importantes. Ce travail a permis de tester 661 personnes - lycéens, enseignants, personnels travaillant dans l'établissement, ainsi que des parents et des frères et soeurs de lycéens. Au total, 171 personnes (25,9 %) étaient positives aux tests sérologiques faits à partir d'une prise de sang. 41 % des lycéens, enseignants et personnels travaillant dans ce lycée ont été infectés par le Sars-CoV-2 lors d'une épidémie en février-mars. Mais seulement 11 % des proches des lycéens (parents et fratrie) avaient des anticorps contre le virus.
Le taux d'infection est similaire dans les deux sexes
Les contaminations intra-familiales n'apparaissent donc pas si fréquentes : le risque d’être infecté au sein du domicile passait de 9 % à 17 % pour les parents si le lycéen était infecté, et de 3 % à 21 % pour la fratrie si le lycéen était infecté. Le taux des personnes infectées est similaire dans les deux sexes.
Par ailleurs, les 9 % de parents infectés quand le lycéen ne l'était pas, donnent une estimation de la circulation du virus en population adulte à Crépy-en-Valois. Le taux n'atteignait que 3 % chez des donneurs de sang infectés dans deux banques de sang des environs.
Parmi les symptômes, l'étude confirme que l'infection est retrouvée chez 84,7 % et 88,1 % des personnes ayant perdu l'odorat et le goût. Au moins 17 % des personnes infectées n'ont pas eu de symptômes. 5,3 % des personnes infectées ont été hospitalisées (âgés de 49 ans en moyenne contre 18 ans chez les non hospitalisés) et il n'y a eu aucun décès. « Les lycéens se rapprochent plus des adultes pour la capacité de transmission du virus que des enfants », constate le Pr Fontanet.
Trois tests sérologiques
Trois tests sérologiques mis au point par l'Institut Pasteur « très performants », avec « moins de 1 % de faux positifs » ont été utilisés, souligne Bruno Hoen, co-auteur de l’étude et directeur de la recherche médicale à l’Institut Pasteur. « Ils ont été préalablement testés sur des échantillons de banque de sang datant 2018 et 2019, période à laquelle le nouveau coronavirus ne circulait pas en France », précise le Pr Fontanet, premier auteur de l'étude et responsable de l'Unité épidémiologie des maladies émergentes à l'Institut Pasteur à Paris.
Protection des anticorps ?
Le Pr Arnaud Fontanet rappelle : « Nous n'avons pas de certitude sur le caractère protecteur des anticorps ». Dans le cas de l'épidémie du Sras née en Chine au début des années 2000, des études avaient rapporté que 10 % des patients n'avaient plus d'anticorps au bout de 12 mois.
Les résultats de cette étude suggèrent que l'immunité collective ne s'établira pas rapidement. D'autant que « d'autres régions de France sont quasiment indemnes » de contact avec ce virus, ajoute le chercheur.
* avec le soutien de l'Agence régionale de la santé des Hauts-de-France et de l'Académie d'Amiens, avec l’appui de l’Etablissement Français du Sang.
(Avec l'AFP)
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