On en sait de plus en plus sur les troubles ORL liés au Covid-19 et en particulier sur les anosmies et dysgueusies grâce aux travaux internationaux dont ceux conduits par des chercheurs de l’Université de Mons en Belgique et des médecins du service ORL de l’hôpital Foch à Suresnes. Ainsi, il y a quelques semaines, une étude publiée dans Virilogica Sinica (3 août) portant sur 1043 patients, a montré que sur 718 malades ayant rapporté une perte de goût, 90,6 % auraient retrouvé le goût deux mois après la fin de la maladie virale. Parmi ces patients, la durée de cette dysgueusie était majoritairement de 11 + 5 jours. La grande majorité de ces patients ne présentaient pas de formes sévères (ils s'ont pas été pas hospitalisés).
Plus de symptômes après 2 mois
À noter qu’une étude multicentrique européenne portant sur plus de 1 300 malades Covid avait déjà montré que 75 à 85 % des patients anosmiques auraient récupéré leur odorat deux mois après la fin de la maladie. Le même travail avait d’ailleurs révélé qu’un trouble de l’odorat était un facteur de bon pronostic. Les patients ayant développé une forme sévère et ceux hospitalisés en soins intensifs avaient moins de troubles de l’odorat que ceux non hospitalisés en réanimation.
Diffusion cérébrale du Sars-Cov-2
Une étude IRM a également montré que l’anosmie était liée à une atteinte du système nerveux central, les malades concernés ayant une atteinte du bulbe olfactif. Des autopsies ont d’ailleurs confirmé que le Sars-Cov-2 diffuse au niveau cérébral et en particulier du bulbe olfactif (Neurology, 2020). L’inflammation nasale et l’obstruction liées au Covid ne peuvent expliquer à eux seuls les problèmes d’odorat. Et « l’atteinte de la fente olfactive n’est pas associée au problème d’odorat qui perdure », précisent le Dr Jérôme Lechien et le Pr Stéphane Hans, du service ORL de l'hôpital Foch dans un communiqué.
Au niveau biomoléculaire, on ne sait comment expliquer la dysgueusie, même si des composants du système réinine-angiotensine identifiés sur des cellules de l’épithélium buccal seraient impliqués, sachant que le Sars-Cov-2 se fixe sur des récepteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ACE-2) au niveau cellulaire lors d’une contamination, indiquent les auteurs de l’article paru dans Virilogica Sinica.
Quelques mois après le début de l’épidémie, on en sait donc plus sur ces manifestations ORL qui étaient faussement identifiées comme des « formes cliniques atypiques du Covid-19 », comme l’indiquait DGS-Urgent dans un communiqué du 22 mars.
Surtout les femmes et les jeunes
Ces troubles ORL sont donc particulièrement fréquents surtout chez les patients européens et peu chez les asiatiques (sans avoir encore de réelles explications : biais de recrutement des patients dans les études, polymorphisme dans l’expression de l’ACE-2, etc. ?). En Europe, ce sont surtout les jeunes et les femmes qui présentent des symptômes ORL liés au Covid. La perte de l’odorat, les maux de tête, l’obstruction nasale et l’asthénie se manifestent plus fréquemment côté féminin.
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