Homme d’affaires, président du conseil de surveillance du Monde, compagnon d’Yves Saint Laurent, mécène … Pierre Bergé était aussi le fondateur et président de l’association Ensemble contre le sida et du Sidaction. Il est décédé vendredi à l’âge de 86 ans à son domicile de Saint-Rémy-de-Provence. Il était atteint d’une myopathie depuis de nombreuses années.
En février 1994, plusieurs associations de lutte et recherche contre le sida, dont Arcat Sida dans laquelle Pierre Bergé est très actif, fondent Ensemble contre le sida. Quelques mois plus tard, à la télévision le Sidaction est né. En 1996, Pierre Bergé en devient le président et il le restera aux côtés de Line Renaud jusqu’à sa mort. Dans un communiqué, l’association rend hommage à son chef de file : « c’est la lutte contre le sida en France et dans le monde qui aura été traversée par son engagement, son énergie et sa volonté ». « Infatigable combattant de la première heure, il a, inlassablement, toujours rappelé, martelé, que la lutte contre le sida était une lutte éminemment politique. Inflexible, il a toujours défendu la liberté de s’aimer tel que l’on est, et a défendu les droits des minorités, des personnes homosexuelles, des travailleuses du sexe, des usagers de drogue et de toutes les personnes vivant avec le VIH » écrit le Sidaction.
La ministre de la santé Agnès Buzyn a également salué un "homme d'engagement, qui fit de la lutte contre le virus du Sida l’un des plus importants combats de sa vie"."Il contribua sans relâche à faire reculer l’épidémie et à lutter contre les discriminations " a-t-elle ajouté.
Toute sa vie, l’engagement de Pierre Bergé aura donc notamment été marqué par son engagement contre le sida, au point parfois de créer la polémique. En 2009, lors d’une interview sur radio classique il avait accusé l’Association française contre les myopathies (AFM) à travers le Téléthon de « détourner la générosité publique » et d’exhiber « le malheur des enfants » avec « démagogie ». Plus tard il avait déclaré « Il n'y a pas de bataille Téléthon/Sidaction » même s’il jugeait : le Sida « fait peur ». L’AMF avait porté plainte contre Pierre Bergé pour diffamation. L’homme d’affaires sera condamné en 2013 pour une partie de ses propos à 1500 euros d’amende.
En avril 2011, il s’oppose à la secrétaire d’État à la santé de l’époque, Nora Berra, qui avait déclaré : « l’homosexualité est un facteur de risque pour le VIH », pour justifier une contre-indication au don d’organes. Pierre Bergé lui avait alors répondu, « on sait très bien qu'il n'y a pas de population à risque, il n'y a que des pratiques à risque. Les homosexuels ont été les premiers touchés (par le virus du sida), ils se sont comportés dès sa découverte dans les années 80 de manière exemplaire. Ils ont donné l'exemple, ils ont pris les plus grandes précautions ».
En janvier dernier lors du Diner de la mode contre le sida et en pleine campagne présidentielle, l’homme d’affaires avait mis en garde les candidats qui menaçaient de toucher à l’AME. « L'épidémie n'est pas terminée et le sida n'est pas vaincu (...). La lutte contre le sida, c'est aussi un combat pour le droit des femmes, des homosexuels, des toxicomanes, des prostituées, des migrants (…) Je mets en garde tout gouvernement qui, pour plaire aux plus réactionnaires des Français, remettrait en cause l'aide médicale d'État. Nous devrons entrer en résistance en France et dans le monde pour ne pas laisser faire ».
[VIDEO] Pierre Bergé: "Aujourd'hui on meurt du sida"- Europe1, 2015
Récemment, il a également produit le film 120 battements par minute qui vient de sortir au cinéma et qui raconte le début de la lutte contre le sida à travers le combat de l’association Act Up.
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