Contrairement à ce qui était admis jusque-là, les porteurs sains du virus de la dengue pourraient contribuer à la transmission silencieuse de la maladie en infectant les moustiques qui les piquent. Telle est la conclusion d’une étude Pasteur/CNRS menée au Cambodge.
Dans ce travail publié dans le PNAS, les chercheurs ont traqué les formes asymptomatiques de la maladie en soumettant à des tests sanguins systématiques tous les cas proches géographiquement – vivant dans la même maison et dans les maisons voisines – de personnes infectées par la dengue et symptomatiques. Une fois identifiés, ces porteurs sains ont été mis en contact avec des moustiques sains, élevés en laboratoire.
L’analyse ultérieure de ces moustiques a montré qu’ils étaient à leur tour infectés et capables de transmettre le virus. Or « les personnes qui sont peu ou pas affectées par le virus vont potentiellement être exposées à plus de moustiques au cours de leur routine quotidienne que les personnes sévèrement malades, alitées ou hospitalisées » soulignent les auteurs.
Ces données devraient conduire à « reconsidérer la prise en charge précoce des épidémies de dengue, estime Veasna Duong, premier auteur de l’étude. Les estimations du taux de transmission devront également être réajustées pour calculer la couverture vaccinale adéquate des vaccins en cours d’élaboration »
La question des porteurs sains taraude aussi l’Europe. Le projet européen Denfree de l’Institut Pasteur à Paris, étudie ainsi quelles sont les caractéristiques biologiques spécifiques de ces personnes asymptomatiques. L’enquête de santé publique menée à Nîmes suite à la multiplication des cas cet été (7 au total) prévoit également des prélèvements capillaires pour identifier d’éventuels porteurs sains, afin "d’améliorer la lutte contre la dengue dans notre région où le moustique tigre est désormais bien installé", précise l'ARS.
Au total, en France métropolitaine, 111 cas importés et 6 cas autochtones ont été recensés en 2015 depuis Mai, selon le bilan dressé ce lundi par l’InVS.
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