Une nouvelle étude dirigée par l’université de Princeton met en lumière l’importance phénoménale que les « super-propagateurs » ont eu lors d’épidémies infectieuses notamment lors de celle d’Ebola qui a balayé l’Afrique de l’Ouest en 2014-2015. Les résultats publiés dans la revue PNAS révèlent que, lors de cetteépidémie, 3 % des personnes infectées seulement seraient, en réalité, responsable de 61 % des cas d’infection.
De même, si ce phénomène de transmission avait été contrôlé notamment en identifiant les individus concernés, près des deux tiers des infections auraient pu être évités. En effet, l’impact de ces super-propagateurs est si important, selon les scientifiques, qu’il est nécessaire de connaître au mieux ce qui les caractérise. Ainsi, il serait possible de mieux les cibler via des mesures de santé publique pour contrôler la transmission de pathologies infectieuses lors des épidémies.
Des personnes infectées qui ne vont pas à l’hôpital
D’après ces travaux, ces super-propagateurs étaient dans la même tranche d’âge. Les chercheurs ont également pu observer un réseau de transmission dont l’origine était souvent un individu présent dans la communauté et non dans des centres de santé. Or, la transmission s’avérait faible une fois que les malades arrivaient à l’hôpital ou aux centres de soins. « Parce que le nombre de cas pendant l'épidémie reposait largement sur les données hospitalières, les cas hospitalisés étaient plutôt ceux que nous avons vus. Cependant, ce sont les cas que nous n’avons pas vus, qui ont vraiment conduit l’épidémie, en particulier ceux qui sont morts chez eux sans passer par un centre de soins », explique le Pr Benjamin Dalziel, coauteur de l’étude.
Ce concept de super-propagateur reste très nouveau, il est apparu dans les années 2000 lorsque les spécialistes ont remarqué que pas tous les individus ne jouent le même rôle dans la propagation d’une maladie infectieuse. Pour le moment, ce phénomène a déjà été impliqué lors de la propagation du syndrome respiratoire aigu sévère (SARS) en 2003 puis avec le coronavirus au Moyen-Orient en 2012. Par ailleurs, cette idée de super-propagateur a déjà été cité lors de la transmission d’Ebola mais cette étude a permis de mettre en place un nouveau cadre statistique pour mieux mesurer l’ampleur de ce problème lors d’une épidémie.
« En apprenant davantage sur ces voies d'infection, nous devrions être en mesure de se concentrer sur les types de comportement (...) qui représentent un risque élevé d’infection, et de transmission de l'infection », ajoute le Pr Dalziel. Les scientifiques pointent ainsi le fait que des campagnes de prévention ciblées sur les personnes à haut risque ou sur certains comportements auraient été plus judicieuses que de concentrer tous les efforts sur la totalité de la population.
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