António Caetano de Abreu Freire Egas Moniz obtint le prix Nobel de Médecine le 12 octobre 1949, conjointement avec Walter Hess, pour ses travaux sur la leucotomie préfrontale (lobotomie) appliquée au traitement de certaines psychoses et troubles mentaux.
Dès 1901, le neurologue lusitanien, né le 29 novembre 1874 à Estajerra, avait suscité la polémique avec la publication de son livre "A vida sexual " où il considérait l'homosexualité comme une maladie et une perversion " méritant d'être traitée comme n'importe quelle autre " et suggérant comme moyen de la traiter la lobotomie.
Mise au point de l'artériographie cérébrale
Menant parallèlement une carrière politique (il signa notamment le traité de Versailles en 1919 au nom du Portugal en tant que ministre des Affaires étrangères), Egas Moniz fut titulaire de la chaire de neurologie de l'université de Lisbonne de 1911 à 1944. Durant cette période, il va mettre au point l'artériographie cérébrale, méthode qui se révèlera particulièrement intéressante pour diagnostiquer les tumeurs de l'hypophyse. Mais l'essentiel de ses recherches porta sur la leucotomie frontale. Le médecin portugais avait en effet remarqué que les malades souffrant de paranoia ou de psychose avaient des schémas de pensée récurrents qui absorbaient l'essentiel de leur activité psychique. Il en déduisit qu'en sectionnant les fibres nerveuses reliant les lobes frontaux, il serait possible de rétablir le cours normal de la pensée chez ces patients.
[[asset:image:3036 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]En 1935, au cours du Congrès mondial de neurologie de Londres, les Américains C. F. Jacobsen et J.F. fulton présentèrent les résultats de leurs sur les lésions de lobes frontaux chez le chimpanzé. Jacobsen décrivit ainsi les transformations notés chez deux singes (Becky et Lucy), notamment leur indifférence comportementale profonde là où dans une même situation ils se seraient montrés facilement irrités. La présentation de leur étude terminée, Moniz se serait levé pour demander aux chercheurs américains si de telles lésions pouvaient être appliquées sur l'homme dans le cadre de troubles psychotiques, dans le but de répondre à leurs problèmes. Fulton, troublé par la question et ses implications sur l'homme, préféra ne pas y répondre.
Des opérations pratiquées sans le consentement des malades
Pourtant, en 1936, avec son associé Almeida Lima, Egas Moniz réalisa pour la première fois l'opération connue sous le nom de leucotomie préfrontale ou lobotomie. Tout en ayant pris la précaution de souligner que la leucotomie préfrontale était un traitement radical à n'envisager qu'après avoir vérifié l'inefficacité de toutes les autres formes de traitement, Egas Moniz opéra sans leur consentement de nombreux internés de l'asile de Lisbonne, principalement des femmes. Et les résultats auraient été souvent dramatiques.
Aussi quelque temps après que le prix Nobel fut attribué à Egas Moniz, nombreux furent ceux qui demandèrent à la Fondation Nobel de retirer son prix au neurologue portugais, ses résultats ayant été obtenus au mépris de l'éthique et des droits de l'homme. Cependant, la Fondation ne revint pas sur sa décision et continua de publier des articles pour défendre son choix.
Egas Moniz est mort le 13 décembre 1955 à Lisbonne.
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