Epidémiologie

Hypercholestérolémie, la France sur la bonne voie

Publié le 04/10/2013
Article réservé aux abonnés
Dans le dernier BEH, l’INVs publie la première enquête nationale portant sur le LDL-cholestérol en population générale. Un bilan en demi- teinte qui confirme le poids de l’hypercholestérolémie

Bonne ou mauvaise nouvelle ? Selon une étude publiée dans le BEH* un adulte français sur cinq à un taux de HDL-cholestérol› 1,6g/l et un sur huit est sous hypolipémiant. Si ces données – tirées de l'Etude nationale nutrition santé (ENNS) de 2006-2007- soulignent le poids du cholestérol en France, « elles sont globalement plutôt rassurantes », analyse le Dr François Paillard (service de cardiologie, CHU de Rennes).

Premier constat positif : « Même si cela n’est pas totalement validé sur le plan méthodologique – faute d’étude antérieure similaire permettant de véritablement comparer à l’échelon national –, il semble quand même que depuis 5 ou 10 ans la tendance soit à la baisse de la cholestérolémie ».

De fait, dans cette étude, les valeurs moyennes du LDLc retrouvées (1,27 g/l tout âge confondu et 1,35 g/l pour les 35-64 ans) sont inférieures de près de 10% à la valeur de référence citée dans l’objectif de santé publique formulé de 2004.

Par rapport aux données du registre Monica de 1996 la baisse est également conséquente, de l’ordre de 6 %. « Il semble donc que la France s’insère dans ce mouvement un peu général de baisse de la cholestérolémie déjà notée en Amérique du Nord et dans certains pays d’Europe, commente le Dr Paillard, ce qui est plutôt une bonne chose. Cela reflète sans doute une meilleure hygiène de vie. »

Des traitements prescrits plutôt à bon escient

Côté traitement, si les chiffres peuvent paraître élevés (12% de patients sous hypolipémiants en population générale), « cela ne me semble pas complètement aberrant, indique le Dr Paillard, et se révèle finalement assez proche de ce que l’on observe pour l’hypertension avec environ 15% d’adulte français sous hypertenseurs?».

Reste que les données de l’étude ENNS ne précisent pas dans quelles mesures ces traitements sont ou non ciblés sur les patients les plus à risque (en prévention secondaire notamment) comme le veulent les recommandations. Des arguments partiels suggèrent toutefois une association logique entre certains facteurs de risque et la mise sous traitement puisque dans cette étude, la population de patients hyper-cholestérolémiques traités compte davantage d’hommes, d’hypertendus et de diabétiques que celle non traitée. « Il semble donc que la décision de traiter soit bien motivée pour le prescripteur par un niveau de risque plus élevé », estime le Dr François Paillard.

Pour l’âge par exemple, si plus de la moitié (56%) des 18-34 ans et plus de 80% des 35-44 ans ont déjà bénéficié d’au- moins une mesure du cholestérol depuis l’âge de 20 ans, le traitement reste l’exception dans ces populations (seulement 3% en dessous de 44 ans). De même, « on traite davantage les hommes que les femmes (14,4 vs 10,8%), note le Dr Paillard, ce qui paraît relativement logique puisque les hommes sont plus à risque que les femmes » . Ainsi même si les femmes se font davantage dépister du fait de bilans prescrits dans le cadre de la contraception, cela ne semble pas engendrer de traitement en excès.

Encore trop de fibrates

Globalement les hypolipémiants seraient donc utilisés plutôt à bon escient. Avec un bémol toutefois puisque les fibrates sont encore prescrits dans 18% des cas. « C’est beaucoup étant donné que le niveau de preuves des fibrates est quand même faible voire très faible, commente le Dr Paillard, et sauf cas très particulier, les statines sont les seuls traitements validés ».

*BEH N°31 | 24 septembre 2013

Bénédicte Gatin

Source : lequotidiendumedecin.fr