En 2021, la santé mentale des jeunes français s’est détériorée, quand celle des autres tranches d’âge tend à stagner. Ces résultats du baromètre de la santé 2021, qui renforcent les constats déjà tirés depuis la pandémie de Covid, notamment l’enquête Epicov ou encore les données d’hospitalisation, sont publiés dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) ce 5 février à l’occasion de la journée nationale de prévention du suicide. « Une meilleure compréhension des mécanismes qui affectent la santé mentale des plus jeunes depuis la pandémie de Covid-19 s’avère nécessaire en vue de renforcer les politiques de prévention », appellent les auteurs.
La prévalence des pensées suicidaires et tentatives de suicide (TS) est en hausse en 2021 et s’élève à 7,2 %, soit quatre points de plus qu’en 2014 (3,3 %), chez les 18-24 ans en France, rapporte l’article dont l’analyse a concerné les 18 à 85 ans. Malgré le lancement d’une stratégie nationale de prévention du suicide et un renforcement des dispositifs de prise en charge depuis le Covid, la tendance semble s’inscrire dans la durée, « avec un nombre de passages aux urgences pour idées et gestes suicidaires encore plus élevé en 2022 et 2023 qu’en 2021 », soulignent les auteurs. Depuis une dizaine d’années, le phénomène monte ainsi en puissance avec une prévalence multipliée par deux.
Questionnaires par téléphone ou informatique
Le baromètre de Santé publique France de 2021 a interrogé 24 514 personnes en métropole et 6 519 dans les Drom par collecte assistée par téléphone et informatique (Cati). Les chercheurs ont comparé les réponses à celles des baromètres santé d’années antérieures (2000, 2005, 2010, 2014, 2017, 2020).
Ainsi, en 2021, 4,2 % des 18-85 ans déclaraient avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois, avec une prévalence plus élevée chez les femmes (4,8 %) et chez les 18-24 ans (7,2 %). Environ 64 % des répondants en avaient parlé à quelqu’un, notamment les personnes de la tranche d’âge 35-44 ans. Cette prévalence qui avait augmenté entre 2010 et 2014, était en diminution depuis lors, sur la période 2014-2020 (de 5,0 à 4,2 %). Le cas des jeunes adultes (18-24 ans) est préoccupant puisque la prévalence des pensées suicidaires est passée de 3,3 % en 2014 à 7,2 % en 2021. Les femmes sont globalement plus exposées que les hommes, mais « avec des différences particulièrement marquées chez les moins de 25 ans », lit-on.
Isolement, chômage, difficultés financières
Si aucune différence régionale en métropole n’a été observée, les Drom montrent des prévalences moins élevées. D’autres segments de population étaient davantage exposés : les personnes inactives ou au chômage, celles vivant seules ou en familles monoparentales et celles se déclarant en difficulté financière.
L’une des limites de l’étude est de ne pas s’être intéressée à la population des adolescents, « très concernée par les conduites suicidaires, notamment les jeunes filles de 15-19 ans pour lesquelles les taux d’hospitalisation et de recours aux urgences pour tentative de suicide sont les plus élevés », soulignent les auteurs, citant l’étude Escapad de 2022. Chez les jeunes, sur la tranche 15-24 ans, le suicide est désormais la 2e cause de mortalité. Selon Santé publique France, un jeune sur cinq présente des symptômes de dépression, avec une augmentation de 8 % en 4 ans, et 43 % présentent des signes de détresse psychologique. Actuellement, la France est un des pays européens présentant les plus hauts taux de suicide, et cette situation s’est particulièrement aggravée au cours des années 2022 et 2023.
Numéros d’écoute et d’assistance
Numéro national de prévention du suicide : 31 14
SOS Amitié : 09 72 39 40 50 et chat
Fil Santé Jeune : 0 800 235 236 et chat
Soins aux professionnels de santé : 0805 23 23 36
Sérologie sans ordonnance, autotest : des outils efficaces pour améliorer le dépistage du VIH
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP