On fêtera, en cette année 1917, le centième anniversaire de la mort de Méhul, l’immortel compositeur du « Chant du départ ». C’est aussi pour nous l’occasion d’en parler comme tuberculeux avéré, cette maladie ayant frappé assez curieusement un grand nombre de musiciens et pas des moindres : Chopin, Schubert, Weber, Grétry, Hérold, sans parler de Mozart, Pergolèse, Paganini, Benjamin Godard…
Pour en revenir à Méhul, selon un de ses plus récents biographes, M. René Brancour, Méhul, dans un premier temps, se sentant une vocation religieuse s’était destiné à l’état ecclésiastique. Mais la délicatesse de sa santé le fit renoncer à son projet primitif. Il semble cependant qu’il ait été atteint d’une phtisie à marche plutôt lente puisqu’il vécut jusqu’à l’âge de 54 ans.
Aux approches de la quarantaine, sous l’influence de son mal, son humeur manifestement changea ; « Son caractère devenait chaque jour plus ombrageux et plus sombre ». Autre particularité, que pourront enregistrer ceux qui cherchent à établir une psychologie du tuberculeux, Méhul offrit tous les symptômes du délire des persécutés : « L’excellente bonté de son cœur ne le défendait pas contre sa tendance à voir partout des inimitiés et des persécutions s’adressant soit à lui-même, soit à ses amis. »
Ses insuccès répétés firent naître en lui une sourde jalousie à l’égard de ses rivaux plus heureux : « Je ne crois pas, s’écriait-il avec un accent d’une incontestable bonne foi, je ne crois pas être envieux ; et, pourtant, les succès des autres me font mal ». Et il ajoutait, comme pris d’un remords : « Je l’avoue, pour l’expier en le disant ».
Il semblerait qu’il ait voulu rassembler toutes ses facultés pour reconquérir cette gloire à laquelle, toute sa vie, il aspira et qui un moment lui avait échappé, en composant un chef-d’œuvre. Ses efforts furent couronnés puisque, de l’avis des musiciens les plus autorisés, voire de ses émules, « Joseph » a toutes les qualités qui caractérisent les chefs-d’œuvre. Mais, comme l’a dit Chérubini, « cet ouvrage est le chant du cygne car, à l’avenir, nous n’aurons plus de lui que des travaux qui annonçaient que sa santé, atteinte d’un mal sans remède, s’affaiblissait par degré ainsi que son génie ».
Nous laissons à ceux qui reconnaissent l’influence de l’état morbide sur le génie le soin d’épiloguer sur cette trop réelle constatation. Au surplus, ne nous employons-nous pas ici, d’une façon constante, à cette démonstration ?
(« La Chronique Médicale, janvier 1917)
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