En soins intensifs, la préoxygénation avant une intubation trachéale est essentielle pour réduire le risque d’hypoxémie. Elle est habituellement réalisée à l’aide d’un masque à oxygène, mais une nouvelle étude portant sur 1 300 patients de 47 à 71 ans, publiée dans le New England Journal of Medicine, démontre une meilleure efficacité de la ventilation non invasive (VNI) pour réduire l’incidence de l’hypoxémie.
L’hypoxémie survient dans 10 à 20 % des intubations trachéales et peut conduire à des arrêts cardiaques et le décès. Le problème des masques à oxygène est qu’ils ne fournissent pas de pression positive ni d’assistance ventilatoire. De fait, la fraction inspirée en Oxygène (FiO2) théorique de 100 % ne se fait que dans des conditions idéales. Les chercheurs estiment qu’elle pourrait descendre jusqu'à 50 % pour un masque ajusté de manière trop lâche. Si la VNI avec sa pression positive apporte bien 100 % de FiO2, il existe des inquiétudes quant au temps plus long de mise en place et un éventuel risque d’inhalation lors de l’intubation. Les résultats obtenus montrent que ces préoccupations ne sont pas justifiées et que la VNI a un impact positif sur le pronostic du patient.
Pas d’augmentation du risque d’inhalation avec la VNI
Dans le groupe de patients dont la préoxygénation a été faite avec la VNI, 9,1 % ont eu une hypoxémie. Un résultat significativement meilleur que les 18,5 % de patients en hypoxémie avec le masque à oxygène. « Un effet de cette magnitude, une telle amélioration du pronostic, sont peu communs dans un essai clinique », se réjouit le Dr Adit Ginde, investigateur principal de l’étude, dans un communiqué. L’objectif secondaire de l’étude était de mesurer la saturation en oxygène (SpO2) médiane la plus basse. Là aussi, la VNI démontre son avantage avec une SpO2 médiane à 99 % contre 97 % pour le masque à oxygène. L’essai a aussi montré une baisse de la survenue des arrêts cardiaques pour les patients sous VNI.
Les chercheurs ont, en complément de l’efficacité, évalué la sûreté de la technique. Sur le risque d’inhalation lors de l’intubation, l’étude se montre aussi rassurante. Avec une différence de 0,4 point de pourcentage entre les deux groupes, la VNI ne semble pas induire de surrisque. Une affirmation à nuancer pour les patients considérés à très haut risque d’inhalation (vomissements, hématémèse, hémoptysie et épistaxis) qui ont été exclus de l’étude. Aucune différence significative n’a été observée sur l’incidence d’infiltration thoracique ni de survenue de nouveau pneumothorax. Au vu de ces résultats d’efficacité et de tolérance, les chercheurs recommandent de modifier les pratiques cliniques pour ne plus faire du masque la norme en préoxygénation pour l’intubation trachéale.
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