Le dépistage du cancer du foie doit devenir une priorité en France. Tel est le cri d’alarme que pousse le Pr Victor de Ledinghen (Bordeaux), secrétaire général de la Société française d’hépatologie (AFEF), à l’occasion du congrès célébrant à Bordeaux du 28 septembre au 1er octobre, les 40 ans de l’association.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’une des tumeurs les plus fréquentes (5e ou 6e par ordre de fréquence), c’est la troisième cause de mortalité par cancer dans le monde. Il tue sur notre territoire 700 personnes par an et la cirrhose en est à l’origine dans 80 % des cas.
La cirrhose ayant toujours pour cause principale la consommation d’alcool, mais admettant aussi comme étiologie la stéatohépatite non alcoolique (NASH), répercussion hépatique du syndrome métabolique, actuellement en pleine expansion. Par ailleurs, la fréquence du cancer du foie est en augmentation en France, puisqu’on en comptait 2 000 il y a 40 ans, 9 000 en 2012 et 10 000 en 2016. Son pronostic est catastrophique : 50 % des malades décèdent 9 mois après le diagnostic en général trop tardif.
L’AFEM constate que les différentes campagnes lancées en faveur du dépistage du cancer hépatique auprès des médecins n’ont pas fonctionné de façon satisfaisante. Le dépistage par échographie hépatique qui doit se pratiquer, d’après les recommandations en vigueur (HAS, 2 007) chez les patients cirrhotiques tous les six mois afin de détecter un cancer au stade de nodule isolé, encore curable, n’est ainsi, dans les faits, effectué que chez 20 % des patients atteints de cirrhose.
La Société française d’hépatologie s’est donc, dans une démarche originale, décidée à interpeller L’INCa, en faveur d’une campagne de communication auprès des patients porteurs de cirrhose afin que ceux-ci demandent à leur médecin traitant une échographie tous les six mois.
Dépister le cancer à un stade curatif
L’enjeu est le dépistage de ce cancer à un stade curatif, c’est-à-dire lorsque les carcinomes sont petits et peu nombreux, ce qui ne représente actuellement que 20 à 30 % des découvertes de ce type de cancer. Il est en effet encore possible à ce stade de le traiter, soit par résection partielle de la partie du foie concernée par la tumeur, soit par radiofréquence, soit encore par transplantation, et d’obtenir une guérison.
L’association s’appuie sur des études coût-efficacité qui montrent que le coût sur dix ans d’un dépistage pratiqué tous les six mois chez un patient porteur d’une échographie est de 71 627 euros tandis que celui d’une échographie pratiquée de façon non systématique est de 71 097 euros. Soit une différence, négligeable, de 530 euros par an par patient.
Quant à l’efficacité en termes de survie, elle passe de 76 % de patients cirrhotiques en vie à dix ans en cas de dépistage systématique à 67 % sinon, différence significative qui s’explique, selon les auteurs, par le fait que les patients bénéficiant d’un dépistage systématique ont plus souvent accès à un traitement curatif que les autres, du fait de la plus petite taille du cancer : 79 % versus 43 %
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