Pour le Haut Conseil de la santé publique, les Français devraient lever le pied sur la Fish therapy. Cette pratique qui consiste à immerger ses pieds, ses mains voire son corps entier dans de l’eau regorgeant de petits poissons de l’espèce Garra rufa, ou poisson-docteur, est en plein boom depuis quelques années. Les clients y viennent pour se faire des gommages car les animaux sont supposés manger les peaux mortes. Plusieurs spas qui pratiquent cette méthode ont ouvert dans l’hexagone, on dénombre 166 établissements autorisés à recourir à cette technique, selon une enquête menée en juin 2014.
L’HCSP recommande, au vu de cette évolution, plusieurs mesures de précautions. Il est important de ne plus utiliser l’appellation « Fish therapy » car elle présuppose une efficacité thérapeutique qui n’est pas prouvée. Il faudrait en informer les médecins, en particulier en ce qui concerne la prise en charge de l’eczéma ou du psoriasis. Les experts pointent aussi les risques potentiels d’infection et préconisent d'informer les professionnels de santé, notamment les généralistes, du risque, faible mais réel lié à cette technique, surtout chez les personnes plus facilement sujettes aux infections comme les diabétiques ou les immunodéficients. L'HCSP demande aux praticiens de « signaler les cas suspects d’infections afin qu’ils bénéficient d’investigations approfondies. » Des contrôles sanitaires réguliers encadreront ces pratiques et les risques seront bien sûr réévalués en fonction des nouveaux cas publiés.
Si l’HCSP requiert ces mesures c’est que l’instance a pris en compte les données disponibles qui concernent ces pratiques. En effet, aucun élément ne permet d’étayer une efficacité possible de cette méthode sur des problèmes dermatologiques comme le psoriasis ou l’eczéma. « Il n’existe aucune indication médicale reconnue en France de cette pratique dans le domaine thérapeutique », précise l’avis de l’HCSP. Les risques de contamination dans les bassins avec des germes pathogènes sont également possibles. Une étude réalisée au Pays Bas a analysé la qualité microbienne de l’eau dans les bains. La plupart contenaient plusieurs bactéries mais les auteurs ont conclu que le risque à utiliser cette technique reste limité au vu des concentrations détectées. Pourtant, quelques cas d’infections cutanées graves ont été rapportés dans la littérature. Mais la preuve entre la maladie et la contamination par cette pratique n’a pas été documentée. Ces personnes étaient pour la majorité des patients avec un terrain sous-jacent favorisant le risque infectieux et il n’existe apparemment pas d’épidémies de cas groupés avec la même origine. Le poisson-docteur est aussi parfois confondu avec un autre : le poisson chinois Chin Chin qui, lui, possède des dents. Son utilisation pourrait donc augmenter le risque infectieux suite aux morsures occasionnées.
En 2012, l’Anses avait déjà communiqué sur cette méthode. L’organisme affirmait qu’en France, cette technique n’était encadrée par aucune réglementation sanitaire spécifique et que certains pays l’ont interdite.
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