Les personnes qui ne sont pas exposées aux pesticides dans un cadre professionnel pourraient encourir un risque accru de développer la maladie de Parkinson, si l’activité agricole est notable aux alentours de leur lieu d’habitation.
Plusieurs études ont montré un lien entre l’exposition professionnelle aux pesticides chez les travailleurs agricoles et cette maladie neurodégénérative. En effet, des travaux sur des cellules ou des modèles animaux ont en partie permis de mieux comprendre les mécanismes par le biais desquels les pesticides favorisent la dégénérescence. En France, l’Anses s’était autosaisie en 2011 pour mener une expertise collective visant à caractériser les expositions liées à l’agriculture. Fin juillet 2016, l’Agence avait rendu ses conclusions, soulignant le manque de données sur le sujet. Elle a néanmoins recommandé de réduire le recours aux pesticides afin de limiter les expositions.
Une augmentation du risque surtout liés à la viticulture...
Si des questions se posent en ce qui concerne les agriculteurs, qu’en est-il de la population vivant à proximité ? Une équipe de l’Inserm en collaboration avec Santé Publique France s’est penchée sur le problème. Les chercheurs ont analysé le nombre de personnes récemment traitées par des médicaments antiparkinsoniens dans chaque canton français entre 2010 et 2012. Ils ont ensuite pu caractériser l’activité agricole des territoires concernés grâce au recensement agricole national conduit par le ministère de l’Agriculture en 1988 et en 2000. Lors du traitement des données, ils ont bien sûr pris en compte différents facteurs pouvant influencer la survenue de la maladie comme le tabagisme ou le niveau socio-économique.
Les résultats sont sans appel : l’incidence de la pathologie dans chaque canton est corrélée à la surface allouée à l’agriculture. « Plus cette dernière est élevée, plus le nombre local de cas est important. Et avec certaines cultures, comme la viticulture, l’association semble plus prononcée », précise Alexis Elbaz, épidémiologiste, qui a dirigé l’étude. Apparemment, une surface particulièrement élevée consacrée aux vignobles augmenterait l’incidence locale de la maladie d’environ 10 %.
...chez les plus âgés
Par ailleurs, cette relation entre activité viticole et maladie de Parkinson est d’autant « plus marquée chez les plus de 75 ans », informe le chercheur. Selon lui, les personnes âgées ont peut-être « été exposées plus longtemps que les autres, notamment à des pesticides toxiques qui sont aujourd’hui interdits, comme les organochlorés ». L’autre hypothèse avancée reste que les facteurs environnementaux ont plus d’impact sur la population âgée.
Même si cette étude soulève un point intéressant, « il faut rester prudent sur l’interprétation des données », modère l’expert. Si un « surrisque modéré peut exister », d’autres travaux doivent être réalisés pour confirmer ces résultats, en particulier des études basées sur des données individuelles et non groupés par canton. Les pesticides les plus à risques demeurent encore non identifiés.
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