Les Européens sceptiques sur la vaccination, les Français en tête du peloton

Publié le 10/09/2016
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Pour la grande concertation sur la vaccination voulue par Marisol Touraine, il y a du pain sur la planche ! Une enquête internationale conduite par les chercheurs du projet "confiance dans les vaccins" (Vaccine Confidence Project) de la London School of Hygiene and Tropical Medicine révèle en effet que la France se distingue des autres pays européens par une plus grande défiance envers les vaccins.

Selon cette étude, quatre Français sur dix estiment en effet que les vaccins ne sont pas sûrs. C'est plus que partout ailleurs. La France se trouve ainsi championne du monde de la suspicion  avec  41% de nos concitoyens qui manifestent de sérieux doutes, soit plus de trois fois la moyenne mondiale ! L'Hexagone figure donc loin devant  la Bosnie-Herzégovine (36%), la Russie (28%), la Mongolie (27%), la Grèce (25% à égalité avec le Japon et l'Ukraine), l'Arménie (21%) et la Slovénie (22%), selon les résultats publiés vendredi par la revue EBioMedicine.

On doute de la sécurité des vaccins, mais aussi dans une moindre mesure de leur efficacité : 17% des Français sont dans cet état d'esprit et d'ailleurs, pour plus d'un sur dix (12%) les vaccins infantiles ne sont pas importants...

Sept des dix pays où le scepticisme sur la sécurité des vaccins est le plus répandu se trouvent sur le continent européen. En comparaison, les habitants du sud de l’Asie sont les plus confiants sur la sûreté de la vaccination. Seulement 1 % des habitants du Bangladesh, 3 % des Indonésiens et 6 % des Thaïlandais ont des doutes. Plus surprenant, les personnes de plus de 65 ans étaient moins enclines à critiquer la vaccination que les plus jeunes.

Selon les auteurs, les attitudes négatives observées en France "pourraient résulter des controverses au cours des deux dernières décennies". Visiblement, l'affaire Joyeux et celle des époux Larère ont fait des dégâts, précédées par des polémiques sur les effets indésirables du vaccin contre l'hépatite B et des vaccins anti-HPV.  Mais les auteurs pointent aussi les hésitations d'une proportion importante des médecins généralistes quant à l'utilité de certains vaccins.

Pour autant, les scientifiques retiennent un constat plutôt positif : ils constatent que dans de nombreux pays dont la France, la Bosnie ou le Japon, la population pensaient que la vaccination était importante même si elle la jugeait peu sûre. Ce qui montre que les individus ont conscience que de se faire vacciner peut s’avérer nécessaire même s’ils sont suspicieux sur la sécurité. Le Dr Larson qui a dirigé l'enquête conclut : « notre étude suggère que le public comprend parfaitement les enjeux de la vaccination, mais la sécurité reste sa principale préoccupation ».


Source : lequotidiendumedecin.fr