«On est tous vraiment surpris par la facilité avec laquelle on traite désormais l’hépatite C ». Pour le Dr Anne Gervais (hôpital Claude-Bernard, Paris), l’arrivée des antiviraux directs a réellement bouleversé et simplifié le traitement de l’hépatite C au cours de ces derniers mois, ouvrant la voie à de nouveaux modes de prise en charge. De fait, alors que jusque peu les molécules disponibles (interféron/ribavirine) ne permettaient de guérir qu’une partie des malades au prix de traitements longs et d’effets secondaires souvent importants, « nous disposons désormais de six nouveaux médicaments à même de guérir théoriquement près de 95 % de nos malades, avec une très bonne tolérance », se félicite le Dr Gervais.
Conséquence de cette mutation, la prise en charge des patients pourrait bientôt sortir de l’hôpital, du moins en partie, avec un rôle accru pour les généralistes. Aujourd’hui la prescription et la délivrance de ces nouveaux traitements restent très encadrées et sont encore du ressort exclusif de l’hôpital. Mais à terme, « on peut tout à fait imaginer qu’une fois le schéma thérapeutique décidé, tout se fasse en ville, que les généralistes soient les prescripteurs et que les traitements soient délivrés dans les pharmacies extra-hospitalières?» estime le Dr Gervais.
Par ailleurs « on pourrait aussi envisager que les généralistes envoient si besoin des requêtes au centre de référence qui leur répondraient », poursuit l’hépatologue. Tout en reconnaissant que si le traitement est simplifié, il n’en demeure pas moins certains écueils avec notamment des interactions médicamenteuses à connaître. Par exemple, « il ne faut pas prescrire de rosuvastatine avec certains nouveaux anti-VHC ». Au décours du traitement, la surveillance reste essentielle dans tous les cas. Car si l’éradication virale se fait rapidement, fibrose et cirrhose restent présentes, au moins pendant plusieurs années.
Du dépistage au suivi au long cours
Alors que l’on pensait initialement que les lésions étaient définitives, on sait en effet depuis le début des années 2000 qu’elles peuvent régresser très lentement (en 5 à 10 ans environ) mais sous réserve que le foie ne soit plus agressé.
À ce titre « il y a donc une chose dont on doit tous vraiment se préoccuper, c’est l’alcool » insiste le Dr Gervais. Autres ennemis majeurs du foie, via la stéatose, l’obésité et le diabète doivent aussi être combattus. Du dépistage au suivi au long cours, l’hépatite C semble donc appelée à devenir peu à peu une pathologie de médecine générale.
Reste la question de l’accès au traitement… Actuellement, pour des raisons de coût, les indications des nouveaux médicaments sont limitées aux patients les plus sévères (fibrose de stade 3 et 4). « Ce qui n’est absolument pas logique », dénonce le Dr Gervais.
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