Si la rétine artificielle avait tenu la vedette lors du congrès de la SFO 2014, cette année l’enthousiasme semblait être un peu retombé, avec des praticiens dans l’expectative. Actuellement, la prothèse épirétinienne Argus II de la société « Second sight » est celle dont le développement est le plus avancé. Le principe consiste à stimuler électriquement les neurones résiduels de la rétine, en lieu et place des photorécepteurs défaillants. Une caméra miniature logée dans les lunettes du patient transmet les images capturées à un processeur placé dans la poche ou à la ceinture du patient. Ce dernier convertit les signaux lumineux en pulsations électriques transmises par ondes radio à un récepteur placé sur l’œil. Celui-ci les envoie ensuite à l’implant proprement dit. Composé de 60 électrodes et placé au contact de la rétine, l’implant va alors va stimuler les cellules nerveuses de la rétine entraînant la perception de motifs lumineux par le cerveau. Le patient apprend à interpréter ces images tout en récupérant des capacités visuelles.
Résultats mitigés
Après une première phase d’essai clinique, la prothèse Argus II est désormais commercialisée et plus de 100 patients en ont bénéficié dans le monde. En France, le ministère de la Santé a mis en place un « forfait innovation », afin de financer l’opération et la prise en charge de 36 patients et 9 ont déjà pu être implantés. « Globalement, ces interventions se sont bien passées mais il est encore trop tôt pour en évaluer le bénéfice, résume le Pr Jean-François Korobelnik (CHU de Bordeaux) qui a participé aux implantations réalisées en Gironde. Initialement, le système a été testé dans un essai clinique international débuté en 2007. En termes d’efficacité les résultats de cet essai ont été très variables selon les patients allant « de sujets très améliorés capables de reconnaître de grandes lettres à des patients n’ayant pas du tout utilisé leur implant faute d’y trouver un intérêt. »
Côté tolérance, les résultats ont montré l’importance du bon respect des procédures d’implantations sous peine de complications. Avec notamment un risque de rejet et des risques infectieux.
Autre bémol, compte tenu de leur mode de fonctionnement, ces dispositifs restent cantonnés à la rétinite pigmentaire et ne s’adressent qu’à des patients suffisamment malvoyants pour que le bénéfice visuel lié à l’implantation soit significatif mais chez lesquelles les cellules nerveuses de la rétine et le nerf optique demeurent actifs. Soit à peine quelques centaines de patients en France…
À terme, si la définition de l’implant s’améliore, leurs indications pourraient s’élargir estime le Pr Korobelnik et concerner, par exemple, certaines DMLA.À ce titre, de nouvelles générations de prothèses comportant davantage d’électrodes sont à l’étude « mais rien ne dit que cela améliore pour autant les choses tempère le Pr Korobelnik ».
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