Huit ans après le scandale des prothèses PIP, la sécurité des implants mammaires est à nouveau questionnée par l’ANSM. En cause, cette fois-ci, la survenue de très rares cas de « lymphomes anaplasiques à grandes cellules, liés aux implants mammaires » ou LAGC-AIM. À ce jour, sur 500 000 femmes porteuses d'implants en France, « 53 cas de femmes atteintes de LAGC-AIM sont confirmés en France », indique l’ANSM dans un communiqué publié hier.
Jamais décrits avant 2011, ces lymphomes qui se développent au contact de la prothèse – et non dans les ganglions comme c'est classiquement le cas —, ont été repérés dans le cadre du suivi renforcé mis en place après le coup de semonce des prothèses PIP. L'apparition des premiers cas en 2011 a conduit l'ANSM et l'INCa à mettre en place une surveillance particulière au travers du réseau Lymphopath.
Les implants texturés montrés du doigt
En parallèle les autorités sanitaires ont lancé des investigations afin d’évaluer l'imputabilité des prothèses dans l'apparition de ces lymphomes et d’étudier le rôle éventuel de la surface de l'implant (lisse ou texturé).
« Les experts ont constaté qu'il existe une surreprésentation des implants mammaires texturés dans les cas de LAGC-AIM » indique l’ANSM. Or ces derniers représentent 85 % du marché français, contre 15 % pour les implants à enveloppe lisse.
Audition publique
Ces nouvelles données devraient conduire l’ANSM à émettre en 2019 de nouvelles règles d’utilisation des implants mammaires notamment ceux à enveloppe texturée.
Mais avant de trancher, l’ANSM souhaite lancer une audition publique. L'objectif est de "réunir l'ensemble des parties prenantes pour examiner toutes les dimensions de la question : le rapport bénéfices/risques des implants mammaires, leurs conditions d'utilisation et leurs indications", indique Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale adjointe de l'ANSM. « Tout citoyen, représentant les patients ou non, les professionnels de santé, sociétés savantes de chirurgie esthétique et sénologie, cancérologie, les universités, les institutions ou les entreprises commercialisant des prothèses mammaires peuvent demander à être auditionnés » précise l’ANSM.
Cela devrait permettre "d'aboutir à des recommandations, avec des modifications possibles de l'utilisation de ces dispositifs médicaux". Quitte à aller jusqu’au retrait de certains implants ? "Si, au vu de l'ensemble des analyses, les éléments conduisent à une décision de police sanitaire, elle sera prise. Mais il est important d'avoir un éclairage global", répond Mme Ratignier-Carbonneil.
Pas de suivi clinique particulier pour le moment
En attendant, l'ANSM préconise d'utiliser de préférence des implants mammaires à enveloppe lisse. Les chirurgiens plastiques et esthétiques qui viennent justement d’émettre des recommandations sur cette question, en amont de leur congrès annuel, sont un peu plus souples. Ils invitent à ne plus mettre d’implants mammaires à surface macrotexturée de type Biocell® de la marque Allergan® mais « restent prudents concernant les autres implants à surface macrotexturée et les implants à surface recouverte de polyuréthane, pour lesquelles les travaux se poursuivent pour déterminer une éventuelle exposition au risque ».
Pour les femmes déjà implantées avec des prothèses macrostructurées, l’agence du médicament ne fait en revanche pas de nouvelles recommandations par rapport à l'avis de mars 2015 de l’INCa, Celui préconise un suivi identique aux autres femmes et ne propose pas d’explantation préventive. « En cas d’épanchement abondant, d’augmentation de volume, de douleur, d’inflammation, de masse, d’ulcération au niveau du sein », les patientes sont invitées à consulter.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation