Si elles ont pu paraître contraignantes, les mesures mises en place pour réduire le risque de méningiome lié à l’acétate de cyprotérone (Androcur et génériques) ont été payantes, se félicite l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) à l’occasion de la publication d’une étude du groupement Epi-Phare (ANSM/Cnam).
Conduit à partir des données du Système national des données de santé (SNDS), ce travail s’est penché sur l’évolution, entre 2018 et 2021, du nombre de patients sous acétate de cyprotérone, d’IRM réalisées dans ce cadre et de méningiomes opérés.
Moins de personnes exposées
Les résultats « mettent en évidence une très forte diminution de l'utilisation d'Androcur et ses génériques chez toutes les personnes exposées », résume l’ANSM.
Fin 2021, le nombre de personnes traitées à forte dose (≥ 25 mg) avait en effet considérablement diminué par rapport à août 2018, avec une baisse plus marquée chez les femmes (-88 %) par rapport aux hommes (-69 %) et chez les femmes transgenres (-50 %). En décembre 2021, 7 900 personnes utilisaient l'acétate de cyprotérone à forte dose contre 55 000 en août 2018. Une baisse liée aux arrêts de traitement (92 % des personnes traitées en juin 2018 ne l'étaient plus en 2021) mais aussi à la diminution des initiations (- 94 %).
« Nous n’avons pas constaté de report massif sur un produit donné mais une dispersion vers d’autres hormones usuelles et la spironolactone, diurétique à effet antiandrogène », précise Epi-Phare dans son rapport sur l’étude.
En parallèle, le dépistage des méningiomes par IRM cérébrale a significativement progressé, avec plus de la moitié des personnes traitées qui avaient réalisé cet examen en 2021, contre à peine 10 % en 2018.
Cette très forte augmentation de la surveillance IRM « ne s’est pas traduite par une augmentation parfois crainte des méningiomes opérés » mais au contraire par leur « baisse massive », souligne le rapport. L'étude révèle en effet une très forte diminution de ces interventions (-93 %), notamment chez les femmes (7 femmes opérées en 2021 contre 95 en 2017).
Une évolution en lien avec la baisse de l’utilisation d’acétate de cyprotérone mais aussi probablement avec la recommandation diffusée dans les milieux de neurochirurgie de ne pas opérer dans un premier temps ces méningiomes alors que leur taille diminue ou se stabilise à l'arrêt du traitement.
Au final, « cette étude est la première à démontrer le changement profond des pratiques entre 2018 et 2021 », conclut l’ANSM.
Des mesures initiées dès 2018
Pour mémoire, le risque de méningiomes lié à l'utilisation prolongée d'acétate de cyprotérone à de fortes doses (≥ 25 mg/jour) a été quantifié pour la première fois en 2018 par une étude de l'Assurance maladie mettant en évidence un risque multiplié par 7 pour les femmes traitées par de fortes doses sur une longue période (plus de 6 mois) et par 20 après 5 années de traitement.
Suite à ces résultats, plusieurs actions ont été entreprises dès 2018 par l'ANSM et la Cnam, comme le rappel des indications autorisées afin de limiter l'utilisation d'acétate de cyprotérone et la recommandation de dépistage du méningiome par imagerie cérébrale avant et tout au long du traitement. En 2019, l'arsenal a été complété notamment par la mise en place d'une attestation annuelle d'information à cosigner par le médecin prescripteur et la personne traitée.
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