Les analogues du GLP-1, molécules miracles ? Des auteurs américains ont souhaité établir un panorama des effets bénéfiques et néfastes des analogues du GLP-1 (aGLP-1). Ils confirment que cette classe médicamenteuse est efficace pour la cardioprotection, diminue le risque de démence et représente une option intéressante pour la prise en charge des addictions mais qu’a contrario elle augmente le risque de troubles pancréatiques et gastro-intestinaux.
« Notre approche nous a permis de construire un atlas complet des associations des aGLP-1 dans tous les systèmes d’organes, a commenté le Pr Ziyad Al-Aly, auteur senior, lors d’une conférence de presse organisée en amont de la publication dans Nature Medicine. Les résultats de l'étude donnent un aperçu de certains avantages et risques connus et précédemment méconnus des aGLP-1, qui peuvent être utiles pour informer les soins cliniques et orienter les programmes de recherche. »
Près de 175 affections de santé passées au crible
Dans cette étude, les auteurs ont analysé les données de plus de 2 millions de personnes diabétiques traitées issues de la base de données des vétérans américains en s’intéressant à 175 affections de santé. En comparaison avec d’autres traitements antidiabétiques (sulfamides, DPP4, iSGLT2, autres hypoglycémiants…), les aGLP-1 (n = 215 970) ont été associés à de nombreux avantages significatifs pour la santé cognitive, avec une diminution du risque de troubles neurocognitifs, de démences et de maladie d’Alzheimer (HR compris entre 0,88 et 0,95), mais aussi pour la santé comportementale, avec une réduction des risques de crises et de dépendance à des substances telles que l'alcool, le cannabis, les stimulants et les opioïdes (HR compris entre 0,84 et 0,89).
Les personnes prenant les aGLP-1 avaient aussi moins de risques d'idées suicidaires, d'automutilation, de boulimie et de troubles psychotiques que les autres (HR compris entre 0,81 et 0,90).
Les propriétés cardio et néphro-protectrices des aGLP-1 se voient, elles aussi, confirmées avec une réduction du risque d’infarctus du myocarde, d’accidents vasculaires et autres affections cardiovasculaires (HR compris entre 0,78 et 0,93) ; et une réduction de lésions rénales aiguës et de maladie rénale chronique (HR compris entre 0,88 et 0,97).
De nombreux effets bénéfiques hétéroclites mais de taille modeste
« Il est intéressant de noter que les aGLP-1 agissent sur des récepteurs qui sont exprimés dans les zones du cerveau impliquées dans le contrôle des impulsions, la récompense et la dépendance, ce qui pourrait expliquer leur efficacité dans la réduction des troubles de l'appétit et de la dépendance », a détaillé le Pr Al-Aly. De plus, « la réduction de l'inflammation dans le cerveau et la perte de poids sont deux facteurs pouvant améliorer la santé cérébrale et expliquer la réduction du risque de maladies telles que la maladie d'Alzheimer et la démence ».
De façon plus inattendue, l’étude a aussi révélé une réduction du risque de troubles de la coagulation, de maladies infectieuses ou encore d’affections respiratoires (HR compris entre 0,75 et 0,92).
Malgré un profil de couteau suisse avec ces effets bénéfiques hétéroclites, les aGLP-1 semblent cependant avoir des effets « modestes » selon les auteurs puisqu’ils quantifient entre 10 et 20 % la réduction de la plupart des risques. « Cela peut également signifier que ces médicaments sont plus bénéfiques lorsqu'ils sont utilisés en association avec d'autres interventions, telles que des changements de mode de vie ou d'autres médicaments », complète l’auteur senior.
Des molécules pas si miraculeuses ?
La fréquence importante des troubles gastro-intestinaux associés aux aGLP-1 se vérifie dans l’étude, avec notamment des nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhées (HR compris entre 1,07 et 1,30). Le surrisque d’effets indésirables pancréatiques (pancréatite) est particulièrement notable (HR = 2,46). Mais il ressort – là aussi de façon plus surprenante - un surrisque d’hypotension, de syncope, de céphalées, de troubles du sommeil et de troubles arthritiques (HR compris entre 1,06 et 1,12) mais aussi de certains troubles rénaux (néphrolithiase et néphrite interstitielle, HR = 1,15 et 1,06), parfois « très graves ». « Les problèmes rénaux peuvent survenir sans symptômes jusqu'à ce que la maladie soit à un stade avancé et que les options de traitement soient limitées », avertit le Pr Al-Aly. Ainsi, les auteurs soulignent l’importance de surveiller les signes de pancréatite et la fonction rénale chez les patients prenant des aGLP-1.
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