Un peu plus d’un mois après les déconvenues du molnupiravir, des traitements du Covid-19 arrivent finalement en ville. Alors que la vague Omicron continue de déferler sur la France, une arme supplémentaire vient s’ajouter à l’arsenal anti-Covid-19 : le Paxlovid (nirmatrelvir/ritonavir). En effet, ce vendredi 21 janvier, la Haute Autorité de santé (HAS) a attribué une autorisation d’accès précoce à cet antiviral anti-SARS-CoV-2 actif par voie orale développé par Pfizer et indiqué dans le traitement précoce du Covid-19 chez les sujets à haut risque d'aggravation de l’infection.
Le Paxlovid efficace pour prévenir l'aggravation, même contre Omicron
À l’origine de ce feu vert : des résultats d’essais précliniques et cliniques suggérant un rapport bénéfice/risque favorable. En effet, « les données disponibles pour évaluer l'efficacité de ce traitement ont démontré une réduction du risque de progression vers une forme sévère de la Covid-19 (hospitalisation ou décès) d'environ 85,2 % (étude EPIC-HR) après son administration », résume la HAS.
De plus, alors qu’Omicron continue de gagner du terrain – il représentait la semaine dernière 96 % des variants en circulation en France –, l’efficacité du Paxlovid semble conservée contre ce mutant. Tandis que la plupart des anticorps monoclonaux anti-SARS-CoV-2 disponibles ont perdu tout ou partie de leur efficacité, « des données préliminaires in vitro suggèrent (au contraire) que les variants préoccupants qui circulent actuellement sont sensibles au traitement », rapporte la HAS. Cette robustesse face aux mutations du SARS-CoV-2 pourrait d’ailleurs s’expliquer par le mécanisme d’action de l’antiviral, qui ne cible pas la protéine Spike du virus mais sa protéase 3C-like, impliquée dans la réplication virale.
Une administration par voie orale adaptée à la ville
Mais surtout, le Paxlovid apparaît bien plus facile à utiliser que les anticorps monoclonaux, actifs par voie parentérale seulement (perfusion ou injection intra-musculaire à l’hôpital). Et pour cause : le nirmatrelvir/ritonavir est efficace per os. Aussi, le traitement se présente sous forme de « comprimés (2 comprimés de nirmatrelvir PF-07321332 et 1 comprimé de ritonavir) à prendre par voie orale deux fois par jour pendant cinq jours ». De quoi « faciliter son accessibilité en ville », s’enthousiasme la HAS.
Car deux ans environ après le début de la pandémie, le Paxlovid est le premier traitement du Covid-19 qui sera accessible en secteur ambulatoire, où il « pourra être prescrit par les médecins généralistes ». Et ce, « dès la fin du mois de janvier », promet la HAS. Toutefois, si son maniement apparaît plus adapté à la ville que celui des anticorps monoclonaux, il n’est pas non plus des plus simples. Si bien que l’autorité sanitaire met à disposition des médecins des Réponses rapides.
Interactions médicamenteuses et autres contre-indications
En effet, l’indication très resserrée du Paxlovid nécessite, comme avec les anticorps monoclonaux, un repérage rapide des patients éligibles. Car ce traitement réservé aux patients à risque élevé d’évolution vers une forme grave de la maladie (patients immunodéprimés, cancéreux en cours de traitement, polypathologiques, présentant une trisomie 21, de plus de 65 ans avec un facteur de risque supplémentaire, etc.) ne nécessitant pas encore d’oxygénothérapie doit être administré « dès que possible après le diagnostic positif (au) Covid-19 et au maximum dans les cinq jours suivant l’apparition des symptômes ».
Mais surtout, du fait de la présence de ritonavir dans sa composition, le Paxlovid présente un risque important d’interactions médicamenteuses - alors que les patients éligibles sont pour la plupart déjà sous traitement. Ces interactions peuvent formellement contre-indiquer l’antiviral, ou peuvent dans certains cas être contournées par un arrêt temporaire ou une adaptation des posologies des traitements habituels. « C'est au médecin qu'il revient d'apprécier avec son patient les contre-indications médicamenteuses à l'utilisation de Paxlovid, (qui) nécessitent la mise en place d'un suivi rapproché », souligne la HAS.
En outre, si l’insuffisance hépatique ou rénale sévère contre-indique formellement le traitement, l’insuffisance rénale modérée peut, elle, donner lieu à une adaptation de dose. « Par ailleurs, il n'est pas recommandé d'utiliser Paxlovid pendant la grossesse », souligne la HAS.
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