Des scientifiques du King's College de Londres ont montré qu’une injection unique de benralizumab en cas d’exacerbations chez des patients atteints d’asthme ou de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) à composante éosinophilique était plus efficace que le traitement standard, à base de prednisolone seule, pour réduire le risque d’échec thérapeutique et améliorer les symptômes. Les résultats de l'essai de phase 2 Abra sont publiés dans le Lancet Respiratory Medicine.
Le benralizumab est un anticorps monoclonal ciblant le récepteur α de l'interleukine-5, qui est déjà utilisé dans la prévention des exacerbations de l'asthme chronique à éosinophiles. L'essai Abra est le premier à évaluer l’intérêt de ce traitement ciblant l’inflammation éosinophilique pendant les exacerbations.
Les exacerbations correspondent à une crise qui dure plusieurs heures, voire plusieurs jours, malgré le recours à un traitement bronchodilatateur de courte durée d’action dans le cas de l’asthme et à une augmentation importante et inhabituelle des symptômes respiratoires dans le cas de la BPCO.
« L’inflammation à éosinophiles est présente dans 30 % des exacerbations de BPCO et dans près de 50 % des exacerbations d'asthme », rapportent les auteurs. Les patients souffrant d'une inflammation à éosinophiles présentent un risque accru d’exacerbations et donc d’expositions répétées aux glucocorticoïdes, qui sont actuellement le traitement standard des exacerbations de l'asthme et de la BPCO. Cependant, les glucocorticoïdes ne sont pas dépourvus d’effets indésirables et sont associés à un taux d’échec d’au moins 30 %.
Échec thérapeutique pour 74 % du groupe prednisolone seule
Entre le 13 mai 2021 et le 5 février 2024, 158 patients présentant un taux sanguin d'éosinophiles supérieur ou égal ou à 300 cellules par μL ont été inclus au moment d’une crise d'asthme ou de BPCO : 56 % des patients souffraient d'asthme, 32 % de BPCO et 12 % à la fois d'asthme et de BPCO.
Les participants ont été randomisés en trois groupes selon un ratio 1:1:1 : pour recevoir de la prednisolone 30 mg une fois par jour par voie orale pendant cinq jours et 100 mg de benralizumab en injection sous-cutanée unique ; un comprimé de placebo une fois par jour pendant cinq jours et 100 mg de benralizumab en injection unique ; ou de la prednisolone 30 mg une fois par jour pendant cinq jours et un placebo en injection unique.
Les deux critères d'évaluation principaux étaient le taux d'échec thérapeutique à 90 jours et le nombre total de symptômes sur l'échelle visuelle analogique (EVA) à 28 jours dans les deux groupes recevant du benralizumab par rapport au groupe recevant de la prednisolone seule.
À 90 jours, le taux d’échec du traitement était de 74 % chez les patients recevant uniquement la prednisolone, de 47 % chez les patients recevant uniquement du benralizumab, de 42 % chez ceux recevant benralizumab + prednisolone et de 45 % chez tous les patients recevant du benralizumab (avec ou sans prednisolone). La différence était significative entre les patients traités par prednisolone seule et ceux traités par benralizumab, avec une réduction du risque de 74 % en faveur de l’anticorps monoclonal.
Le fait que le taux de patients en échec thérapeutique après avoir reçu le traitement standard soit si élevé était « inattendu », commentent les auteurs, estimant que les patients souffrant d’inflammation à éosinophiles représentent « une population à haut risque ».
Une amélioration significative des symptômes à 28 jours
À 28 jours, les symptômes respiratoires évalués à l’aide de l’échelle visuelle analogique (toux, respiration sifflante, essoufflement et expectorations) étaient significativement améliorés avec le benralizumab (avec ou sans prednisolone) par rapport à la prednisolone seule.
Le traitement des exacerbations de BPCO n'a pas changé depuis cinquante ans
Pr Mona Bafadhel, pneumologue au King's College de Londres
De plus, le traitement par benralizumab était associé à un délai plus long avant un prochain événement, avec donc moins de visites médicales ou d'hospitalisation, ainsi qu’à une amélioration de la qualité de vie.
« Cela pourrait changer la donne pour les personnes souffrant d'asthme et de BPCO. Le traitement des exacerbations n'a pas changé depuis cinquante ans, bien qu'il soit à l'origine de 3,8 millions de décès par an dans le monde, souligne la Pr Mona Bafadhel, du King's College de Londres, investigatrice principale de l'essai, dans un communiqué. La grande avancée de l'étude Abra est la découverte de l'efficacité d'une thérapie ciblée dans les crises d'asthme et de BPCO. Au lieu d'administrer le même traitement à tout le monde, nous avons constaté qu'il était beaucoup plus efficace d'administrer un traitement très ciblé aux patients les plus à risque, en fonction du niveau d'inflammation. »
S. Ramakrishnan et al, The Lancet Respiratory Medicine, janvier 2025, vol 13, 1, p59-68
L’oxygénothérapie à haut débit fait aussi bien que la ventilation non invasive
Cancer du sein : la prise de poids est associée à un risque d’insuffisance cardiaque
Grippe aviaire H5N1 : ce que l’on sait des cas humains observés aux États-Unis
Cancer du pancréas : une nouvelle cible thérapeutique découverte avec l’enzyme protumorale Mical2