Il commence à être perçu et partagé par les professionnels, les responsables politiques et les citoyens. Dans leurs territoires et hôpitaux, les acteurs peuvent s’en faire une idée. Ils voient les déficiences du système de santé. Mais il est toujours difficile de raisonner en globalité et en stratège quand vous êtes touché personnellement. Et que, à juste titre, vous espérez que votre maladie ou celle de votre patient, son handicap et sa souffrance soient le mieux soignés possible ou au moins pris en charge.
Compétitions
Une visite dans les grandes Mecque des sciences et de la médecine font prendre conscience des dynamiques en cours. La recherche cherche et trouve. Mais à grands renforts d’argent et sous contraintes de compétitions arbitrées par les grands laboratoires internationaux, le plus souvent américains. En médecine, la concurrence est à l’origine de belles avancées thérapeutiques. On le constate avec les thérapies ciblées et maintenant l’immunothérapie. Les nouveaux traitements tels le nivolumab (BMS) et le pembrolizumab (MSD), deux anti-PD1 donnent des résultats très encourageants dans plusieurs cancers comme ceux de la peau et maintenant du poumon. En attendant d’être reconnus et admis sur la liste des traitements dans d’autres pathologies. Leurs ventes, à la clé, seront de plusieurs milliards de dollars. Les signes des talents scientifiques et financiers des « majors » se discernent à l’œil nu. C’est-à-dire à la taille des stands dans le centre des congrès de Chicago (plusieurs centaines de mètres chacun) et à la profusion de publicités dans les rues de la ville. Et de manière plus virtuelle à la valeur des cours de bourse et rachats de molécules qui n’ont rien à envier au mercato footballistique. Certes, en plus glorieux et utile. De nouvelles stratégies dans le fonctionnement du génome donnent des pistes encourageantes dans les traitements des cancers de stade avancé. Les études se multiplient sur fond d’associations de médicaments. Des recherches déclenchées avec les CAR-T cells, lymphocytes T modifiés qui attaquent les antigènes des tumeurs donnent de réels espoirs dans des lymphomes et leucémies. Une étude chinoise a mis en exergue des rémissions chez 33 patients sur 35 traités par leur utilisation contre un myélome multiple. De son côté, Le Pr Fizazzi (IGR) déclare que la lutte contre le cancer de la prostate pourrait être gagnée. Si les nouveaux traitements à l’étude sont autorisés et remboursés. Pour y parvenir, il faut beaucoup de travail collaboratif, du temps pour mettre en place des traitements efficaces mais … encore plus d’argent pour les laboratoires, leurs recherches et leurs actionnaires. Si rien ne change.
Entre volonté et moyens
Le système peut-il trouver une certaine forme de raison et de modération ? Car l’arroseur peut être mouillé par les excès de liquide. Ainsi, Roche a été sanctionné par la bourse après la publication d’une étude négative sur son médicament Perjeta, un traitement du cancer du sein. La conséquence est importante pour un laboratoire qui situait le prix de son traitement à 70 000 euros par an et par patient. De son côté l’Herceptin a généré environ 7 milliards de dollars de revenus, soit 13 % du chiffre d’affaires du laboratoire. Par ailleurs, le Glivec rapporte plusieurs milliards de dollars par an à Novartis (3,3 milliards en 2016). Et la molécule permet des taux de survie de près de 90 % dans la leucémie myéloïde chronique. Pourtant, seul l’équilibre entre les moyens dépensés et la volonté de soigner le plus grand nombre de malades permettra que les malades ne meurent pas d’absence de traitements. Quand les systèmes de santé ne pourront plus financer correctement les soins. Il est vrai que c’est déjà le cas dans les trois quarts du Monde. Un sujet pour la nouvelle ministre de la Santé qui a la chance de comprendre le sujet. En aura-t-elle la volonté et … les moyens ?
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