Y a-t-il trop d'innovations dans les pipeline ? Une étude menée par le LIR et EY a récemment identifié 315 innovations à venir dans les 3 à 5 ans. Elles ont vocation à impacter le parcours des patients et les pratiques des soignants. Cette sélection est constituée de 125 molécules et 190 innovations. Les molécules en phase 1 et 2 ont été exclues afin de s'inscrire dans le modèle temporel de projection. Mais comment à ce stade le système de protection sociale hexagonal est-il en capacité de les absorber à la fois en termes de soutenabilité financière et d'évaluation ? « Il faudrait peut-être passer du guide Michelin à Trip Advisor », suggère Jean-François Brochard, président du LIR. Dans le dispositif d'accès français à l'innovation, l'évaluation serait en effet un maillon faible. Et la réforme promise depuis plusieurs années paraît à ce jour encalminée. Or les nouveaux traitements se bousculent. Si l'on s'en tient au seul domaine des nouvelles molécules, des disruptions sont annoncées, surtout dans le domaine du cancer. Pas moins de 90 nouvelles molécules dans cette aire thérapeutique seraient en phase de développement selon la recension effectuée par les auteurs de l'étude. Le décalage est net avec les autres spécialités, à savoir les maladies cardiovasculaires (31) suivies par l'endocrinologie (19). Dans ce palmarès, une discipline paraît en panne sèche, la psychiatrie avec seulement quatre nouveaux traitements annoncés. C'est pourtant le premier poste de dépenses de l'assurance maladie. Mais l'innovation ne se réduit pourtant pas au seul champ thérapeutique, même si l'on annonce des avancées majeures dans la maladie de Huntington ou le diabète de type 1 avec la mise au point de thérapies cellulaires encapsulées.
Dépistage précoce
Dans le domaine de la prévention par exemple, outre un nouveau vaccin contre la dengue, un dispositif conçu à la manière d'un airbag réduirait le risque de chute. Ce qui aurait un effet immédiat sur le nombre de fractures du col de fémur. Le dépistage précoce constitue un domaine privilégié d'innovations de ruptures. Les auteurs de l'étude ont ainsi retenu un analyseur de larmes qui permettrait de reconnaître un cancer du sein, voire des capteurs WC de sang dans les selles et les urines. Toujours dans le domaine de dépistage, des analyseurs d'haleine seraient performants pour repérer une maladie de Parkinson, voire des cancers. En matière de diagnostic, celui de grossesse extra-utérine serait facilité grâce à un système d'aide à la décision embarqué sur des échographes. À l'autre bout de l'échelle, l'espérance de vie serait améliorée par la mise au point d'instruments de prédiction des complications en unités de soins intensifs ou du port de simples chaussettes de prévention pour éviter la survenue de plaies au niveau du pied chez le patient diabétique.
Dans l'air du temps…
Quant au bénéfice, il n'est pas limité à une seule innovation. Entre nouveau dispositif médical et médicament imaginé dans une même aire thérapeutique se construisent des ponts et réseaux propres à changer en profondeur les prises en charge. Enfin, ces différentes innovations s'inscrivent dans le déploiement des politiques publiques notamment avec l'approche territoriale actuellement privilégiée. Dans un budget contraint, ces innovations sont-elles une chance même si elles obligent à revoir l'organisation du système de santé ? Seule certitude, le statu quo n'est plus possible.
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