Alors que l’épidémie de bronchiolite bat son plein en France, les premiers résultats d’une étude de phase III communiqués par le laboratoire Pfizer laissent entrevoir des possibilités de prévention chez le nourrisson, via la vaccination maternelle.
Baptisé Matisse (MATernal Immunization Study for Safety and Efficacy), cet essai a testé le vaccin anti VRS expérimental de Pfizer (RSVpreF) chez la femme enceinte. L’objectif était notamment d’évaluer l’impact de la vaccination maternelle avec ce candidat vaccin sur le risque d’infections respiratoires basses liées au VRS chez le nourrisson.
Environ 7 400 femmes enceintes ont été incluses et ont reçu à la fin du deuxième ou lors du troisième trimestre de leur grossesse soit une dose unique de 120 µg de VRSpreF soit un placebo.
Une efficacité démontrée sur le risque de formes graves chez le nourrisson
Selon les données d'efficacité intermédiaire dévoilées par l'entreprise, le vaccin s'est révélé efficace à environ 82 % pour prévenir les épisodes sévères dans les 90 premiers jours de vie et à environ 69 % au cours de la période de suivi de six mois.
L'essai n'a en revanche pas mis en évidence de réduction statistiquement significative des cas non sévères, malgré une tendance plutôt favorable selon le laboratoire (efficacité de 57,1 % pour les 90 premiers jours de vie et de 51,3 % à six mois).
« Le vaccin expérimental RSVpreF a par ailleurs été bien toléré sans aucun problème de sécurité pour les personnes vaccinées et leurs nouveau-nés », précise le communiqué.
Sur la base de ces résultats, Pfizer prévoit de soumettre une demande d’AMM pour l’utilisation de ce vaccin chez la femme enceinte, d'ici la fin de l'année aux États-Unis puis dans d'autres pays.
S'il est approuvé, le candidat vaccin anti-VRS de Pfizer pourrait être le premier vaccin maternel disponible pour aider à prévenir les formes graves de bronchiolite chez les jeunes nourrissons.
Des résultats également chez le sujet âgé
En août 2022, Pfizer avait aussi fait part de premiers résultats positifs de l’essai Renoir testant une dose unique de RSVpreF, cette fois chez les adultes âgés de 60 ans ou plus.
RSVpreF est un vaccin bivalent qui cible la protéine de fusion (protéine F) dont le VRS a besoin pour infecter l'organisme. Il est composé à parts égales de deux types de protéines F (en conformation de préfusion) issues des souches de VRS A et B.
D'autres groupes pharmaceutiques travaillent également sur des vaccins contre le VRS, dont les américains Moderna et Johnson & Johnson et le britannique GSK qui a également fait part récemment de résultats positifs pour son candidat vaccin anti VRS chez les adultes de 60 ans et plus.
À terme, plusieurs vaccins pourraient donc être disponibles pour protéger les séniors ou les nourrissons de façon indirecte via la vaccination.
La vaccination directe des nourrissons plus compliquée
La donne semble en revanche plus compliquée pour le développement de vaccins utilisables directement chez le tout petit en raison notamment d’un surrisque paradoxal de forme grave. Par ailleurs, chez le nourrisson les vaccins développés jusque-là seraient relativement peu immunogènes, nécessitant plusieurs doses alors que l’objectif est de protéger au plus vite des enfants de 3 à 6 mois.
À défaut, plusieurs anticorps monoclonaux ciblant la protéine F ont été mis au point pour la prévention des infections des voies respiratoires inférieures dues au VRS, à l’instar du nirsevimab qui a obtenu récemment le feu vert de l’Agence européenne des médicaments.
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