Rhumatologie

Inhibiteurs de Janus Kinase : les risques se confirment dans le traitement des maladies inflammatoires chroniques

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Publié le 17/04/2023
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Les inhibiteurs de Janus kinase utilisés depuis quelques années dans le traitement de maladies inflammatoires chroniques exposent à des effets indésirables graves. C'est ce que confirme un communiqué de l’Agence nationale de sécurité du médicament.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Les inhibiteurs de Janus Kinase (JAKi) indiqués dans le traitement des pathologies dysimmunitaires sont bel et bien associés à des effets indésirables graves. C’est ce que souligne l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) ce lundi 17 avril.

Pour rappel, les JAKi forment une nouvelle classe de médicaments actifs contre les maladies chroniques inflammatoires : les « traitements de fond de synthèse ciblés », aussi appelés TS-DMARDs (pour targeted synthetic disease-modifying anti-rheumatic drugs). Ces molécules ont été intégrées à la fin des années 2010 à l’arsenal thérapeutique – qui comportait déjà des traitements de fond conventionnel et des biothérapies anti-inflammatoires – devant leur efficacité notable (non inférieure à celle des biothérapies), leur délai d’action rapide et leur disponibilité par voie orale (contrairement aux biothérapies, injectables).

Une réévaluation européenne

Et ces médicaments tendent à se multiplier. Si bien qu’à l’heure actuelle, cinq JAKi – l’abrocitinib (Cibinqo), le filgotinib (Jyseleca), le baricitinib (Olumiant), l’upadacitinib (Rinvoq) et le tofacitinib (Xeljanz) – sont autorisés pour le traitement de diverses maladies inflammatoires chroniques : polyarthrite rhumatoïde, rhumatisme psoriasique, arthrite juvénile idiopathique, spondylarthrite ankylosante, spondyloarthrite axiale non radiographique, rectocolite hémorragique, dermatite atopique ou pelade, en fonction des spécialités. Ainsi, bien que la prescription de ces médicaments reste réservée à quelques spécialistes, les généralistes apparaissent de plus en plus susceptibles de recevoir des sujets sous JAKi.

Problème : la tolérance de ces nouveaux médicaments suscite des inquiétudes. Et ce, depuis quelques années. Dès 2021, suite à un essai clinique, « un risque cardiovasculaire accru, mais aussi de cancers et de décès avait (…) été mis en évidence avec le Xeljanz (tofacitinib) », rappelle l’ANSM. Et « les conclusions préliminaires d’une étude observationnelle portant sur un autre inhibiteur de JAK, Olumiant (baricitinib) suggèrent également un risque augmenté d’événements cardiovasculaires majeurs et d’évènements thromboemboliques veineux », ajoute l’agence.

Dans ce contexte, il y a un peu plus d’un an, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a décidé de réévaluer la classe thérapeutique. Un travail que l’instance a conclu ce mois d’avril.

La classe thérapeutique à ne plus utiliser chez certains patients

Résultat : « Xeljanz augmente les risques d'événements cardiovasculaires majeurs, de cancers, notamment de cancers cutanés, de thromboembolie veineuse, d’infections graves et de décès », résume l’ANSM, qui souligne que ces effets indésirables sont considérés comme « un effet de classe (…) (s’appliquant) à l’ensemble des JAKi indiqués dans les maladies inflammatoires chroniques ».

Aussi, l’agence considère que ces traitements sont à éviter chez les sujets les plus à risque. « Les JAKi ne doivent plus être utilisés, sauf s’il n’existe pas d’alternative thérapeutique, chez les patients âgés de 65 ans et plus, fumeurs ou qui ont fumé longtemps, (ou) ayant d’autres facteurs de risque cardiovasculaire ou de tumeur maligne. »


Source : lequotidiendumedecin.fr