Rêvons un peu. En 2030, une équipe de soins de support dédiée prendra en charge le patient atteint de cancer, et cela tout le long de son parcours de soins. Reste encore tout un chemin à parcourir d'ici là pour combler les trous dans la raquette. C'est ce qu'ont évoqué les débatteurs de l'atelier « 2030, odyssée des soins de support » lors des RCFr 2018. Nathalie Savariaud (Life is rose), qui a eu deux cancers successifs pendant cinq ans, revient à la définition première : « Supporter, se faire supporter dans cette maladie, c'est réussir à garder sa place dans la société. Il faut continuer de se projeter. » Alors que le patient n'est pas toujours demandeur d'une aide, il faut instaurer une prise en charge sociale du patient, et cela de façon systématique.
En 2030, le droit à l'oubli n'existera plus
Nathalie Savariaud évoque ses problèmes financiers du passé en tant que notaire. Ses collègues ne comprenaient pas pourquoi elle insistait tant pour continuer à travailler en télétravail. Alors que la plupart des ménages vivent à crédit, les patients ne sont plus autorisés à souscrire un emprunt. « Il faut pouvoir s'assurer avec des tarifs normaux, plaide Nathalie Savariaud. Sous forme de boutade, elle le dit clairement : « En 2030, le droit à l'oubli n'existera plus. » Thomas Verazzi, DRH chez BMS, enfonce le clou : « Avec la hausse du nombre de collaborateurs malades, les soins de support deviennent un sujet normal de gestion des ressources humaines. » Pour l'instant en tout cas, le collaborateur n'ose pas parler de sa maladie. Plus son absence se prolonge, moins son poste sera adapté à son retour au travail. En 2030, il y aura selon lui une grande palette de flexibilisation du temps de travail. Les contrats de prévoyance devront aussi prévoir des heures de travail à domicile pour les personnes malades. C'est un point sur lequel insiste particulièrement Nathalie Savariaud. Selon elle, s'assurer auprès d'un assureur n'est plus impossible comme il y a quinze ans. Mais cela reste un vrai parcours du combattant : « Si l'on fait le calcul de l'ensemble des surprimes, on pourrait élaborer un vrai contrat type pour la cancérologie avec des déclinaisons en fonction des pathologies. »
Des mutuelles frileuses
C'est sans doute le levier financier (avant les mentalités) qu'il faut débloquer en premier. Selon Ivan Krakowski, président de l'Afsos, il ne faut pas compter seulement sur l'assurance maladie pour assurer l'ensemble des prises en charge. Et de déplorer le manque d'implication des mutuelles. En attendant, les associations apportent une brique indispensable à la mise en oeuvre des soins de support. Mais l'hôpital ne donne pas encore l'exemple dans la gestion de ses propres collaborateurs malades. A bon entendeur.
D'après l'atelier « 2030, l'odyssée des soins de support », 27 novembre 2018.
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